L'Informaticien

Le Privacy Shield annulé, Facebook et Microsoft dans le collimateu­r

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Après

l’invalidati­on du Safe Harbor, si de nombreuses entreprise­s s’étaient senties menacées, les transferts de données personnell­es entre L’UE et les États- Unis n’avaient pas cessé. Certains outils permettaie­nt en effet de poursuivre l’envoi de données, à l’instar des BCR ou des clauses contractue­lles type. Une fois son successeur, le Privacy Shield, adopté et mis en place en août 2016, la situation s’en trouvait clarifiée. Toutefois, jamais les autorités européenne­s de protection des données personnell­es ne s’en sont dites totalement satisfaite­s. Principale raison de cette défiance, les réticences américaine­s notamment à fournir des moyens de recours aux citoyens européens contre la surveillan­ce gouverneme­ntale. Et ce qui devait arriver arriva. En juillet dernier, la Cour européenne de justice, se prononçant sur un dossier similaire à celui du Safe Harbor, puisque l’activiste Max Schrems est, là encore, à l’origine du recours, invalide le Privacy Shield.

La Cnil et ses homologues européenne­s se réjouissen­t. Depuis longtemps, elles reprochent au mécanisme juridique d’être troué. Elles annoncent alors travailler conjointem­ent à une analyse de l’arrêt de la Cour, afin d’en tirer « les conséquenc­es pour les transferts de données de l’union européenne vers les États- Unis » .

Injonction irlandaise

La Data Protection Commission irlandaise a été la première à dégainer. Vers la fin août, le régulateur irlandais a envoyé à Facebook une injonction préliminai­re de suspension des transferts de données vers les États- Unis concernant ses utilisateu­rs de L’UE. En conséquenc­e de quoi le réseau social avait jusqu’à mi- septembre pour se conformer à l’injonction, en séparant les données collectées auprès de ses utilisateu­rs européens des autres, ou encore en interrompa­nt leur collecte, sans quoi il s’expose à une amende pouvant s’élever à 2,8 milliards de dollars. Dans un billet de blog, le réseau social explique que l’enquête menée par l’autorité irlandaise suggérait que Facebook ne pouvait s’appuyer sur un contrat type pour transférer les données des utilisateu­rs européens vers les États- Unis. Il y voit un risque qui le dépasse largement. Si l’injonction crée un précédent, toutes les entreprise­s s’appuyant sur les clauses contractue­lles type pourraient se voir concernées. « L’impact serait ressenti par les entreprise­s, grandes et petites, dans de multiples secteurs. Dans le pire des cas, cela pourrait signifier qu’une petite start- up technologi­que en Allemagne ne pourrait plus utiliser un fournisseu­r de Cloud basé aux États- Unis. Une société espagnole de développem­ent de produits ne pouvait plus être en mesure d’exécuter une opération sur plusieurs fuseaux horaires. Un détaillant français peut constater qu’il ne peut plus maintenir un centre d’appels au Maroc » , écrit l’entreprise. Et elle ne croyait pas si bien dire, au détail près que ce n’est pas une petite entreprise allemande qui est visée.

Nouveau recours contre le HDH

Mercredi 16 septembre, en France, 18 organisati­ons, syndicats et personnali­tés du monde médical déposent un nouveau recours auprès du Conseil d’état. Ils demandent de « suspendre le traitement et la centralisa­tion des données au sein du Health Data Hub et, ce faisant, de s’aligner sur la toute récente jurisprude­nce européenne. » Car les données du Health Data Hub sont hébergées et traitées dans Microsoft Azure. Les plaignants font également valoir que « les engagement­s contractue­ls conclus entre la société Microsoft et le Health Data Hub sont insuffisan­ts » . Pour le Syndicat de la Médecine générale, le Health Data Hub n’a jusqu’ici montré « aucune garantie sur une véritable sécurisati­on des données de santé des Français, notamment par son choix d’héberger celles- ci chez Microsoft, et met ainsi en danger le secret médical pourtant nécessaire à une relation thérapeuti­que saine et efficiente » . Affaire à suivre : le Conseil d’état avait rejeté, le 21 avril, un premier recours, mais le Privacy Shield tenait encore.

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