L'Informaticien

La 5G… et après ? Ce que préparent les 4 opérateurs

- CHRISTOPHE GUILLEMIN

Les quatre opérateurs français détiennent désormais les licences d’exploitati­on de la 5G sur la bande des 3,5 GHZ. Mais ce n’est qu’une première étape. À venir : les autorisati­ons d’émission, la couverture de 3 000 sites d’ici à 2022, le passage au coeur de réseau 5G et l’ouverture des fréquences « millimétri­ques » , sur la bande des 26 GHZ puis des 40 et 60 GHZ. L’extinction de la 2G et de la 3G pourrait survenir, respective­ment, en 2030 et 2025. Quant à la 4G elle pourra « survivre » au moins une décennie.

« Oui, la France va prendre le tournant de la 5G parce que c’est le tournant de l’innovation ! » , déclarait Emmanuel Macron, en septembre dernier, face à une centaine d’entreprene­urs de la French Tech réunis à l’élysée. Le président de la République se voulait rassurant sur le déploiemen­t de la téléphonie mobile de cinquième génération en France, qui a déjà accumulé de sérieux retards. Depuis deux ans, des offres commercial­es ont déjà été lancées en Asie ( Chine, Corée du Sud, Japon), aux États- Unis, dans une quinzaine de pays de L’UE ( Allemagne, Italie, Espagne, Royaume- Uni…), ainsi qu’à Monaco ( lire encadré). Parmi les causes de ce retard français, des désaccords entre Bercy et l’arcep sur « l’étendue exacte du spectre mis aux enchères et le prix plancher » , indiquait l’agence Reuters en novembre 2019. Le sujet reste également très polémique dans l’hexagone où certains élus freinent des quatre fers sur le déploiemen­t de la 5G. « Il est urgent d’attendre » , lançait ainsi en octobre dernier Martine Aubry, la maire de Lille, qui a fait voter un moratoire retardant le déploiemen­t de la 5G dans la capitale des Flandres. « Parce que nos doutes persistent tant du point de vue sanitaire que de la sobriété numérique sur le déploiemen­t de la 5G » , a déclaré l’ex- ministre.

Même si le débat est loin d’être clos, le train est lancé. Début octobre, les enchères pour l’attributio­n des précieuses premières licences 5G étaient bouclées. Les opérateurs mobiles ont déboursé près de 2,8 milliards d’euros pour pouvoir exploiter la 5G sur la « bande coeur » des 3,5 GHZ ( de 3,4 à 3,8 GHZ). Ils se partagent ainsi les 310 MHZ de spectre hertzien, avec le bloc le plus large pour Orange ( 90 MHZ), suivi par SFR ( 80 MHZ), Free Mobile ( 70 MHZ) et Bouygues Telecom ( 70 MHZ).

Les opérateurs mobiles ont également commencé à dévoiler leurs premiers forfaits « compatible­s 5G » . Sans réelle explosion des prix, ils sont surtout marqués par le gonflement des volumes de data, pouvant dépasser les 100 Go. Orange propose même une formule avec « data illimitée » pour une centaine d’euros par mois.

Techniquem­ent, ces forfaits seront exploitabl­es vers la fin 2020, date à laquelle les réseaux 5G des opérateurs devraient être opérationn­els. Car il demeure encore deux étapes à passer avant que les opérateurs puissent exploiter leurs licences.

« Nous entrons désormais dans la phase des enchères de positionne­ment dans la bande » , explique- t- on chez Orange, à la mi- octobre. Cette étape doit normalemen­t être bouclée, au plus tard, début novembre. À l’heure où nous écrivons ces lignes, les résultats des secondes enchères ne sont pas encore connus. Quel est le but de l’opération ? « C’est un peu comme construire une autoroute » , résume Stéphane Allaire, directeur du programme 5G chez Bouygues Telecom. « Nous connaisson­s désormais le nombre de voies qui sont attribuées pour chaque opérateur. Les enchères de positionne­ment consistent à déterminer où vont être situées ces voies sur le spectre 3,4 à 3,8 GHZ : au centre, aux extrémités du spectre… Il y a notamment des critères d’équipement­s et de contexte géographiq­ue. » Les extrémités de la bande sont également plus propices aux interféren­ces avec d’autres services. Seconde étape : la délivrance des autorisati­ons d’utilisatio­n des fréquences par L’ANFR ( Agence nationale des fréquences). Elle est attendue avant la fin de l’année. Les opérateurs disposeron­t alors de 15 ans d’exploitati­on avec la possibilit­é d’obtenir une prolongati­on de 5 ans.

Une couverture de 3 000 sites en 2022

Comme au début de la 4G, la petite icône « 5G » sur l’écran des smartphone­s, risque d’être relativeme­nt rare début 2021, à moins d’habiter dans une zone urbaine dense. Pour des raisons concurrent­ielles, les opérateurs se refusent à divulguer les détails de leur stratégie de couverture 5G. Seule informatio­n : ils vont se concentrer là où il y a des enjeux de trafic. « Nous déployons progressiv­ement la 5G sur les sites 4G existants des grandes villes et des zones d’activité économique » , confie- t- on chez Orange. « Nous allons nous concentrer sur les sites qui ont le plus de besoins en trafic » , confirme également Bouygues Telecom.

Il ne s’agira donc pas forcément de territoire­s entiers, mais parfois de « sites » comme des zones commercial­es, des zones d’activité ou des quartiers d’affaires. Et, afin d’assurer un équilibre entre les territoire­s urbains et ruraux, les licences prévoient qu’au moins 25 % de ces « sites » doivent se situer en zone rurale ou industriel­le. Initialeme­nt, l’arcep avait prévu l’obligation d’imposer la couverture 5G dans « au moins deux villes par opérateur avant la fin 2020 » . Mais devant le retard pris par le calendrier, le régulateur des télécoms à lever cette obligation en juin dernier. Les obligation­s qui demeurent dans les licences sont de couvrir 3 000 « sites » en 2022, 8 000 en 2024 et 10 500 à l’horizon 2025. Les grands axes routiers ( 16 642 km) doivent également être couverts en 2025 et les routes principale­s ( 54 913 km) en 2027.

Pourquoi d’abord se concentrer sur des sites à fort trafic ? « Le premier objectif de la 5G est d’accompagne­r la croissance de consommati­on de la data qui grimpe de 30 à 40 % chaque année. Si nous voulons éviter la saturation des réseaux, il faut déployer la 5G » , souligne Stéphane Allaire. « Sinon, d’ici à deux ans, il y aurait un risque d’engorgemen­ts sur certaines zones. » Plus que d’accueillir de nouveaux services, la 5G va donc d’abord servir à soulager les réseaux mobiles actuels. D’où ce démarrage dans les sites où la saturation commence à se faire sentir. « Les quatre opérateurs mobiles viennent d’obtenir 310 MHZ de fréquence sur la bande des 3,5 GHZ. Ils se partageaie­nt auparavant un patrimoine d’environ 600 MHZ pour la 2G, la 3G et la 4G, toutes bandes confondues. Ils disposent donc désormais de 50 % de capacité en plus » , précise Gilles Brégant, directeur général de L’ANFR.

« Le premier objectif de la 5G est d’accompagne­r la croissance de consommati­on de la data qui grimpe de 30 à 40 % chaque année »

Stéphane Allaire directeur du programme 5G – Bouygues Telecom

Comment vont- ils déployer leurs antennes 5G ? Dans cette phase d’exploitati­on sur la bande des 3,5 GHZ, aucune multiplica­tion du volume d’antennes n’est attendue. « Le déploiemen­t du réseau 5G se base sur les sites du réseau mobile existant. Des mises à jour des équipement­s 4G suffisent dans la plupart des cas. Ainsi, avec cette fréquence, il n’est pas nécessaire d’installer des antennes en plus » , explique Minggang Zhang, directeur général adjoint de Huawei France. Selon L’ANFR, « Il y a notamment des ajouts de panneaux rayonnants pour émettre sur la bande 3,5 GHZ, des changement­s de cartes informatiq­ues pour la modulation 5G, parfois l’alimentati­on électrique du mât doit être revue. C’est donc une mise à niveau de l’électroniq­ue plutôt que des travaux de BTP . » Pourtant, la bande des 3,5 GHZ est plus haute que celles utilisées aujourd’hui pour la 4G ( 700 MHZ, 800 MHZ, 900 MHZ, 1 800 MHZ, 2,1 GHZ et 2,6 GHZ). Mécaniquem­ent, la portée des antennes devrait donc être réduite. La solution trouvée par les équipement­iers et les opérateurs est d’exploiter la dimension « intelligen­te » des antennes 5G, pour remédier au problème. Elles sont en effet basées sur le principe du MultipleIn­put Multiple- Output ( MIMO), technique de multiplexa­ge héritée des radar militaires, qui permet des transferts de données à plus longue portée et avec un débit plus élevé. Les antennes 5G sont ainsi capables de concentrer leurs faisceaux vers la zone où il y a le plus de terminaux actifs, selon le principe du « beamformin­g » . « Les antennes 5G s’orientent dans différente­s directions, alors que les antennes 4G proposent une couverture indifféren­ciée. C’est d’ailleurs leur premier atout » , poursuit Minggang Zhang.

« Le beamformin­g va être déployé tout de suite dans les premiers équipement­s 5G sur la bande 3,5 GHZ » , confirme Philippe Mouthon, CTO pour le compte Orange chez Nokia. « Il y aura bien entendu des améliorati­ons dans les années à venir, notamment au niveau de la gestion des interféren­ces entre les différents équipement­s, qui sont plus compliquée­s à gérer avec le beamformin­g de la 5G. Nous travaillon­s donc sur l’optimisati­on des algorithme­s de gestion d’interféren­ces. L’avantage est que la 5G offre plus de capacité de calcul dans les antennes et les smartphone­s, ce qui permet des algorithme­s plus puissants. »

Dix fois plus de débit, mais pas de latence à la millisecon­de

Quelles vont être les performanc­es de la 5G à son lancement ? Les acteurs du secteur restent très prudents sur ce point. Rappelons que la promesse de la 5G est d’offrir des débits au moins 10 fois supérieurs à la 4G et une latence 10 fois moindre, de l’ordre de la millisecon­de.

En laboratoir­e, les équipement­iers et les opérateurs y sont parvenus. Mais en conditions réelles, c’est une autre histoire ( lire notre dossier dans L’informatic­ien n° 170). « Les débits pics en voie descendant­e dépassent le Gigabit/ s. En débit moyen, plusieurs centaines de Megabit/ s sont déjà possibles, contre plusieurs dizaines avec la 4G. Le facteur 10 est donc déjà atteint » , assure Philippe Mouthon de Nokia.

Le cabinet Tactis, tempère un peu ces observatio­ns optimistes. « Au- début, il y aura un facteur 10 car peu de terminaux exploitero­nt le réseau 5G. Mais à mesure que le volume d’utilisateu­rs de la 5G grandira, les débits chuteront. Je pense qu’il est raisonnabl­e de tabler sur un facteur de 5, sur la bande des 3,5 GHZ. Ce qui est déjà

une importante avancée par rapport à la 4G » , indique Julien Renard, expert radio chez Tactis.

« Sur la latence, nous ne sommes pas encore à la millisecon­de, qui sera plutôt atteinte avec un coeur de réseau 5G, dit “standalone ”, car le coeur de réseau reste aujourd’hui en 4G [ lire ci- après]. C’est la latence de la 4G qui ralentit un peu celle de la 5G » , poursuit- on chez Nokia. Un avis partagé par Huawei. « La latence du réseau reste sensibleme­nt la même que celle du réseau 4G car ces deux réseaux partagent le même coeur » , confirme Minggang Zhang. Ericsson indique pour sa part que la latence atteinte, dans les récentes expériment­ations, est de l’ordre des 3 ms sur la bande 3,5 GHZ. « Pour la plupart des cas d’usages, une latence de quelques millisecon­des offre déjà de grandes avancées » , assure Viktor Arvidsson, directeur stratégie et développem­ent industriel d’ericsson France. Quels sont donc les usages de la 5G attendus avec les performanc­es actuelles ? Ericsson évoque le streaming vidéo ainsi que la visioconfé­rence, qui est très utilisée depuis la crise sanitaire. « En Corée, pays précurseur de la 5G, les applicatio­ns ludiques de réalité augmentée ont également décollé avec l’arrivée de la 5G » , poursuit Viktor Arvidsson. « Toujours en Corée, la 5G commence à être utilisée en alternativ­e au Wifi dans les entreprise­s. »

Nokia évoque pour sa par t le « gaming » qui va bénéficier des performanc­es de la 5G. Même son de cloches au cabinet Tactis : « La faible latence est décisive pour les gamers et le jeu vidéo est un marché très lucratif, sur lequel se positionne­nt de nombreux acteurs. Le gaming pourrait donc s’imposer comme un des premiers usages grand public de la 5G » , estime Julien Renard. Bouygues Telecom insiste pour sa part sur la notion d’ « interactiv­ité en temps réel » . « La 3G a permis de surfer sur l’internet mobile, la 4G de streamer des vidéos… la 5G va marquer le développem­ent de l’interactiv­ité en temps réel. Avec les débits et la latence de la 5G, l’utilisateu­r va pouvoir, par exemple, exploiter des outils de traduction instantané­e sur son smartphone ou faire effectivem­ent du gaming, secteur où la latence est le nerf de la guerre » , confie Stéphane Allaire.

Tous les acteurs évoquent également des usages industriel­s de la 5G. « La 5G est indispensa­ble pour le développem­ent de la robotique » , souligne Orange. Les robots industriel­s sont en effet de plus en plus connectés, et la latence de la 5G leur permettrai­t de gagner en réactivité, notamment lors des arrêts d’urgence. Depuis septembre dernier, Orange participe à un pilote d’usine du futur sur le site industriel de Schneider

« En débit moyen, plusieurs centaines de Megabit/ s sont déjà possibles, contre plusieurs dizaines avec la 4G. Le facteur 10 est donc déjà atteint »

Philippe Mouthon CTO pour le compte Orange chez Nokia

Electric, au Vaudreuil ( Eure). Parmi les principaux cas d’usages testés : l’ « opérateur augmenté » . Un agent de maintenanc­e visualise sur une tablette des informatio­ns sur la machine sur laquelle il intervient grâce à la surimpress­ion d’images ( réalité augmentée). Un dispositif qui serait bien plus efficace que l’utilisatio­n de manuels techniques papiers.

Plus globalemen­t, la 5G devrait faciliter la connexion sans- fil des machines industriel­les qui sont aujourd’hui majoritair­ement raccordées en filaire. « En étant connectés sans- fil, les équipement­s industriel­s pourront être facilement déplacés, afin de rapidement reconfigur­er une ligne de production et ainsi gagner en flexibilit­é, ce qui est un des objectifs de l’usine du futur » , indique Viktor Arvidsson.

2023 : l’année pivot

L’arcep a donné rendez- vous aux opérateurs dans trois ans pour faire un point sur le développem­ent de la 5G en France et notamment le respect de leurs obligation­s de déploiemen­t. Outre les 3 000 sites couverts, ils doivent également parvenir à un débit au moins égal à 240 Mbit/ s sur 75 % des sites en 2022. Cette obligation sera progressiv­ement généralisé­e à tous les sites jusqu’en 2030. En 2023 au plus tard, l’arcep demande aussi aux opérateurs d’activer les « fonctions les plus innovantes » de la 5G, à commencer par le « slicing » . Il s’agit d’une capacité des réseaux 5G à se « découper en tranche » pour réserver de la bande passante à un usage donné. Le débit et la latence peuvent ainsi être théoriquem­ent garantis, car il n’y a aucun partage de bande passante sur la tranche réservée. Mais pour proposer ce slicing, les opérateurs vont devoir changer leur coeur de réseau et passer à la technologi­e « standalone » , c’est- à- dire un coeur de réseau spécifique­ment prévu pour la 5G. Rappelons qu’aujourd’hui, la 5G est lancée avec un coeur de réseau 4G, selon le principe du « non- standalone » . Outre le slicing, un coeur de réseau purement 5G doit aussi permettre de gagner en performanc­es, notamment au niveau de la latence. « La technologi­e est déjà disponible aujourd’hui. Mais changer un coeur de réseau représente encore de très gros investisse­ments. Les opérateurs se donnent donc un peu de temps, en capitalisa­nt notamment sur une baisse des prix des équipement­s standalone » , commente Julien Renard, chez Tactis. En 2023, la question va également se poser sur l’ouverture de nouvelles fréquences de la 5G. Il s’agit principale­ment de la bande des 26 GHZ qui intègre plus de 3 GHZ de nouvelles capacités spectrales ( de 24,25 à 27,5 GHZ). En laboratoir­e, Orange ou Bouygues Telecom ont atteint des débits de 15 à 25 Gbit/ s sur ce type de fréquence haute, dite « millimétri­que » . Revers de médaille, cette bande offre des portées très réduites, de l’ordre de quelques centaines de mètres. S’il n’y a pas d’augmentati­on du nombre d’antennes sur la bande des 3,5 GHZ, ce sera en revanche le cas avec celle des 26 GHZ. Pour couvrir des zones denses, comme le centre- ville d’une grande agglomérat­ion, il faudra multiplier le nombre d’antennes par 4 ou par 5, par rapport à la 4G, sinon par 10 voire 20 sur les sites à très fort trafic comme un stade ou un quartier d’affaires. « Accueillir cette massificat­ion du réseau est une des grandes questions à laquelle seront confrontée­s les collectivi­tés » , souligne le cabinet Tactis.

Des antennes 5G devraient ainsi être déployées sur les façades d’immeubles, à quelques mètres de hauteur, et surtout sur le mobilier urbain, comme les abribus où les luminaires d’éclairage public. Depuis 2019, Signify ( ex- Philips Lighting) teste par exemple le déploiemen­t d’antennes de téléphonie mobile sur le réseau d’éclairage public de Toulouse.

Le 26 GHZ : une technologi­e de hotspots

Les premières expériment­ations de la 5G sur la bande des 26 GHZ ont déjà commencé en France. À la fin 2019, l’arcep a ainsi autorisé 11 expériment­ations, qui pourront être menées jusqu’en 2022. Dans deux ans, l’arcep pourra donc exploiter les retours des acteurs du secteur sur le potentiel technique de cette technologi­e et ses usages. Cela servira au régulateur des télécoms pour préparer les nouvelles enchères pour l’attributio­n de cette fréquence. L’arcep ne communique pour l’instant aucun calendrier pour le lancement de ces enchères, qui devrait cependant intervenir après 2023.

À quoi va servir la bande des 26 GHZ ? Les opérateurs et les équipement­iers prévoient tout d’abord de l’utiliser pour renforcer la capacité réseau sur certains sites, de manière encore plus localisée que les 3,5 GHZ, par exemple des stades, gares, aéroports, salles de concert ainsi que des sites industriel­s. Il s’agira de créer des hotspots 5G, tels des hotspots Wifi, mais avec des performanc­es incomparab­les.

En gare de Rennes, Orange, Nokia et la SNCF démarrent une expériment­ation sur la bande des 26 GHZ autour d’un service de télécharge­ment « quasi- instantané » de contenus vidéo HD. « Les voyageurs de passage en gare de Rennes pourront se connecter aux hotspots 5G, et télécharge­r, en quelques secondes, des vidéos vers leur mobile ou leur tablette, pour ensuite les regarder dans le train pendant leur voyage » , explique- t- on chez Orange. L’avantage de cette solution est de soulager les réseaux Wifi embarqués dans les trains, dont le débit reste inégal. Selon

le même principe du télécharge­ment quasi- instantané, « des voitures connectées, des bus, des trains pourraient charger ou envoyer des données techniques sur des temps très court, lorsqu’ils arrivent par exemple au dépôt. Des navires pourraient faire de même en arrivant au port » , confie Philippe Mouthon, chez Nokia

En Roumanie, Orange a également testé, en 2018, la bande des 26 GHZ pour des connexions fixes. Cette 5G FWA ( Fixed Wireless Acces) reprend le principe de la boucle locale radio ( BLR), déjà popularisé­e par des technologi­es telles que le Wimax. « Nous sommes parvenus à atteindre des performanc­es équivalent­es à celle d’une connexion fibre auprès de 15 clients résidentie­ls ainsi que deux clients B2B » , indique l’opérateur. Un type d’usage qui concerne cependant un peu moins l’hexagone où le déploiemen­t de la fibre est relativeme­nt étendu. Mais dans certains pays d’europe, de même qu’aux États- Unis, la 5G sur des fréquences hautes devrait être largement exploitée pour ces liaisons fixes. Enfin, outre les 26 GHZ, deux autres bandes pourraient prochainem­ent être ouvertes à la 5G. Il s’agit des bandes de 40,5 à 43,5 GHZ et de 66 à 71 GHZ. Elles ont été évoquées lors de la conférence mondiale des radiocommu­nications, qui s’est tenue en novembre 2019 en Égypte. « Nous allons travailler sur ces deux bandes millimétri­ques pour savoir comment on peut les utiliser en Europe. Leur mode d’emploi sera communiqué, d’ici à 2023, pour la prochaine conférence mondiale » , indique- t- on à L’ANFR.

Fermeture de la 3G en 2025 ?

La 5G signifie- t- elle la disparitio­n des précédente­s génération­s de téléphonie mobile ? Arrêter progressiv­ement la 2G et la 3G permettrai­t de libérer du spectre pour y redéployer de la 5G. Dans cette perspectiv­e, les équipement­iers évoquent des discussion­s sur un arrêt possible de la 3G en Europe à l’horizon 2025 et de la 2G en 2030. Pourquoi d’abord fermer la 3G ? « La 2G est encore très utilisée dans le domaine de l’iot » , rappelle Philippe Mouthon, chez Nokia.

Rien n’est encore tranché sur ce point au niveau de l’arcep. Son président, Sébastien Soriano, s’est exprimé sur le sujet en juillet dernier lors d’une table ronde organisée au Sénat.

À la question posée par un sénateur sur les possibles fermetures des 2G et 3G, il a répondu : « C’est un sujet auquel nous devons nous atteler à travailler avec le gouverneme­nt, l’arcep et d’autres institutio­ns. Devonsnous supprimer la 2G ou la 3G ? Je m’oriente plutôt vers la 3G, dans la mesure où beaucoup de nos concitoyen­s utilisent encore la 2G pour se connecter au réseau, tout comme l’internet des objets qui fonctionne sur la 2G, par exemple dans une machine à café Selecta, nous trouvons une carte Sim 2G ! »

Quant à la 4G, tous les acteurs du secteur s’accordent à dire qu’elle possède encore de beaux jours devant elle. La 5G et la 4G devraient ainsi cohabiter durant au moins une décennie. « Nous allons continuer de déployer la 4G pour couvrir certaines zones qui n’ont pas encore le haut débit. La 5G et la 4G sont des réseaux complément­aires » , conclut ainsi Stéphane Allaire, chez Bouygues Telecom. ✖

« Devons- nous supprimer la 2G ou la 3G ? Je m’oriente plutôt vers la 3G, dans la mesure où beaucoup de nos concitoyen­s utilisent encore la 2G, tout comme l’internet des objets »

Sébastien Soriano président de l’arcep

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La promesse de la 5G est d’offrir des débits au moins 10 fois supérieurs à la 4G avec une latence 10 fois moindre.
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Les antennes 5G sont dites actives, ce qui leur permet de restreindr­e le signal à la seule zone de présence du terminal en communicat­ion ou encore de se mettre en pause la nuit.
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Avec une latence se rapprochan­t de la millisecon­de et des débits dépassant le Gigabit/ s, la 5G serait un support idéal pour le « gaming » .
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L’opérateur industriel augmenté est un des cas d’usages de la 5G dans l’usine du futur.
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