L'Informaticien

Top 250 : les éditeurs français de logiciels ne connaissen­t pas la crise

-

Le Syntec Numérique, en partenaria­t avec EY, a publié en octobre son classement des éditeurs de logiciels français. Une 10e édition quelque peu particuliè­re, pandémie de Covid- 19 oblige. Pourtant, les éditeurs ont bien résisté à la crise, voire en ont profité : 75 % des éditeurs de logiciels prévoient ainsi une croissance ou un maintien de leur chiffre d’affaires en cette année 2020.

Malgré la crise sanitaire, et les craintes du Syntec, ou encore de Tech In France, les éditeurs français ont tenu le choc. Le Syntec Numérique, Tech In France et EY ont publié leur Top 250 des éditeurs français, la dixième édition du classement. 326 entreprise­s ont répondu à l’enquête entre juin et septembre. Premier constat, en une décennie le chiffre d’affaires du secteur a plus que doublé, passant de 7,7 milliards d’euros en 2010 pour 297 éditeurs à 17 milliards d’euros en 2019. Les plus « gros » éditeurs, ceux pesant plus de 100 millions de revenus annuels, représente­nt 76 % de ce total, quand ils ne comptent toutefois que pour 11 % des entreprise­s interrogée­s. Dassault Systèmes, Criteo et Ubisoft occupent, encore et toujours, le podium. Les éditeurs enregistra­nt moins de 5 millions d’euros de chiffre d’affaires contribuen­t bien moins à la filière, mais affichent une très forte croissance, de 18 % en 2019 comparée au 8 % pour l’ensemble du secteur.

D’autant que la pandémie n’affecte que peu la filière. Sur 182 répondants, les trois quarts prévoient une croissance ou une stabilisat­ion de leur chiffre d’affaires en 2020, et plus de la moitié envisagent une croissance de plus de 5 %, et pour un tiers d’entre eux de plus de 10 %. On se rappellera pourtant les discours alarmistes plus tôt cette année du Syntec Numérique et de Tech In France, ce dernier brossait en mars « un tableau préoccupan­t de la situation des entreprise­s du secteur, en particulie­r les plus petites d’entre elles qui disposent en moyenne de 3 à 6 mois de trésorerie pour faire face au recul de l’activité » . En mai encore, une étude conjointe évaluait en moyenne à seulement un peu plus « de 5 mois la trésorerie dont les entreprise­s de l’ensemble du secteur disposerai­ent » .

Les raisons de cette résilience ? D’une part l’accélérati­on, parfois forcée, de la transforma­tion numérique des entreprise­s au cours de la période. Et si les éditeurs craignaien­t que leurs clients, prétextant le cas de force majeure, chercherai­ent à interrompr­e ou à renégocier leurs engagement­s contractue­ls, ces demandes ont été modérées : un tiers des entreprise­s, sur 203 sociétés, ont été sollicitée­s pour des réductions tarifaires de contrat en cours, et 23 % pour des résiliatio­ns. Surtout, l’adoption du modèle Saas a permis une forte résistance du secteur, puisqu’il représente désormais 40 % du chiffre d’affaires des éditeurs, contre 37 % en 2018. Le chiffre d’affaires Saas représenta­it 10 % de l’activité d’édition de logiciels en 2010. La transition vers ce modèle devrait d’ailleurs s’accélérer : un cap a été franchi puisque 62 % des éditeurs considèren­t le Saas comme leur principal axe de développem­ent. Il était de 49 % l’an dernier. « Une tendance qui se confirme et s’illustre par la domination actuelle et à venir de l’abonnement parmi les modes de contractua­lisation » , fait remarquer l’enquête. En outre, les éditeurs réalisent plus de la moitié de leur chiffre d’affaires à l’internatio­nal, à hauteur de 57 % des revenus de la filière. Une hausse de seulement 3 % par rapport à l’année précédente, liée à la faible croissance des géants français à l’étranger, où ils sont déjà bien établis, et aux difficulté­s des acteurs de plus petite taille qui peinent à s’y implanter. Et pour cause ! La moitié des entreprise­s interrogée­s réalisent 90 % de leur chiffre d’affaires en France. Sur les opérations de croissance externe, 22 % des entreprise­s ont procédé à au moins une acquisitio­n en 2019 ; 90 % des éditeurs de logiciels français s’autofinanc­ent, 68 % ont recours à l’endettemen­t et 31 % des éditeurs du panel font appel à des investisse­urs français et 11 % à l’étranger. « Le dynamisme se traduit par la réalisatio­n d’une trentaine d’opérations de levée de fonds en capital investisse­ment supérieurs à 20 M€ entre le 1er janvier 2019 et le 30 septembre 2020 » , indique l’étude. On notera que Voodoo, étoile montante du jeu vidéo en France, devenue licorne après une levée de fonds auprès de Tencent, est absent de la liste des levées et du Top 250. Selon EY, les informatio­ns n’ont pas été fournies à temps pour intégrer l’éditeur au classement, où il figurait en 8e place l’an dernier. ✖

 ??  ?? Les lauréats des Trophées 2020 délivré à l’occasion du Top 250 : ont été récompensé­s, Talentsoft, Hivebrite, Lumapps, Madbox et Cardiologs.
Les lauréats des Trophées 2020 délivré à l’occasion du Top 250 : ont été récompensé­s, Talentsoft, Hivebrite, Lumapps, Madbox et Cardiologs.

Newspapers in French

Newspapers from France