Fichier et Objet se rapprochent
Les solutions de stockage actuelles cassent les silos traditionnels du stockage entre fichier et objet pour les traiter au même niveau ou les rendre plus complémentaires.
Pour Gabriel Ferreira, responsable technique chez Pure Storage, l’unification entre services de fichiers et objets n’est pas totalement nouvelle. « La nouveauté vient de traiter fichiers et objets au même niveau. Après le rachat de Compuverde – un spécialiste du NAS et dont la technologie a servi à enrichir les baies Flasharray d’une fonction de stockage objet –, nous avons réécrit notre OS Purity pour traiter au même niveau fichier et bloc, sinon nous allions le payer quelque part. On aurait pu ajouter une machine virtuelle mais nous avons choisi de redessiner notre OS. Nous pouvons ainsi offrir la même performance et la même résilience sans privilégier l’un ou l’autre de manière équilibrée. Depuis deux ans nous avons une fonction de snap to Cloud où je réalise mes clichés stockés localement avec la possibilité d’avoir une copie dans le Cloud dans un object store chez un fournisseur de Cloud public ou un partenaire où le snap est converti en objet pour tirer bénéfices techniques et financiers de ces plates- formes. » Il ajoute que ces interfaces ne sont pas forcément plus lentes qu’un service de fichiesr en mode bloc. « Cela nous permet de plus d’accompagner les clients qui ont un intérêt grandissant pour l’objet. » Nutanix a pris le même chemin pour fournir du stockage S3 et NAS au même niveau sous forme de services de stockage au- dessus de sa plateforme, le tout, géré par la console d’administration Prism. Bruno Picard, en charge de l’engineering system chez Nutanix indique : « Nous n’avons pas un silo objet à côté d’un silo NAS. Nous traitons au même niveau tous les protocoles d’accès au stockage que ce soit CIFS, NFS ou S3. Cela autorise une meilleure maîtrise de ce que l’on stocke sur la partie NAS ou S3 avec un service qui permet de savoir qui fait quoi sur la donnée. On travaille sur une possibilité d’archivage qui permettra d’envoyer les données NAS vers S3 d’ici à là fin de l’année. »
Au passage ces fonctions ont aussi un bénéfice dans la sécurité et la protection contre des attaques de type ransomware avec cette partie analytique qui peut alerter rapidement les opérations effectuées sur les fichiers. Au niveau objets, bien qu’ils soient immutables, Nutanix a ajouté un fonction WORM ( Write Once Read Many) qui verrouille l’objet sur la durée de sa rétention sous forme légale sans possibilité de le changer.
La demande n’est pas forcément là !
Nicolas Groh, responsable technique Europe du Sud chez Rubrik, voit bien cette tendance mais est encore réservé sur son utilisation à grande échelle : « La dichotomie existe encore chez les clients. Beaucoup font le choix de supprimer les services de fichiers pour des drives d’utilisateurs dans S3. On voit clairement cette tendance arriver et s’il faut que l’on ne fasse que du bloc et bien on ne fera que du bloc ! Avec le confinement, des besoins se font sentir et réaliser des sauvegardes sur un S3 distribué géographiquement vers un bucket quelconque peut être intéressant plutôt que d’attaquer l’informatique de l’entreprise . » Louis Frederic Lazslo, en charge de la gestion des produits chez Atempo, est de l’avis de Nicolas Groh : « Nous constatons une hétérogénéité des stockages chez la plupart de nos clients. Dans Miria, nous adressons le stockage par la console logicielle et nous pouvons accéder à toutes les données, NAS ou Objet. Cela simplifie l’infrastructure tout en uniformisant les charges de travail. En cloisonnant les accès on voit que file et objet peuvent se réconcilier. Il faut remarquer que tous font du burst en interne ou vers le Cloud, vers des stockages objets. Cela va
« S3 est surtout utilisé pour déverser le trop plein par un tiering HSM de coût »
Yves Pellemans CTO Axians
devenir, je pense, une fonction standard dans le stockage NAS qui sera proposé en natif. Cela peut représenter une véritable valeur si le client est totalement chez Netapp ou sur EMC ECS ( Elastic Cloud Storage) ou sur AWS et qu’il peut unifier les deux par la gestion des données avec la bonne densité et la performance pour unifier les besoins et le stockage. »
Pour Stéphane Hascoët, dirigeant de Jiliti, la tendance est ancienne avec les baies unifiées D’EMC ou D’IBM « avec une première unification SAN/ NAS et objets sur les baies de disques. Le hardware n’a pas tant évolué, c’est surtout sur la couche logicielle d’administration que le travail a été fait en simplifiant la gestion de ces différents environnements. Cela masque cependant la complexité qui est réelle pour la maintenance ou la gestion de la baie » .
Des limites ?
Yves Pellemans, CTO chez Axians, note que l’on ne profite pas « du coût de chaque fonction, ni du HSM – le Hierarchical Storage Management – multi- protocole CIFS, NFS et S3. On ne peut l’avoir en lecture ou en écriture sur une seule solution. S3 est surtout utilisé pour déverser le trop plein par un tiering HSM de coût » . Il n’en reste pas moins que la plupart des offreurs proposent maintenant des plates- formes unifiant l’ensemble des protocoles à l’image de ce que propose depuis pas mal de temps Red Hat ou Canonical autour d’open Stack avec CEPH, Swift ou Cinder avec une unification par API vers les différents protocoles de stockage afin d’unifier les différents types de stockage. Cela renforce de plus l’unification du stockage. Les acteurs du secteur proposent maintenant à la fois stockage, primaire, secondaire avec du back- up et de l’archivage. Après avoir fait évoluer le hardware, les acteurs se concentrent désormais sur la couche logicielle pour unifier mais aussi optimiser hardware et couche logicielle pour tirer le meilleur parti du stockage qui voit ses silos disparaître au profit de plates- formes multi usages proposant une consistance dans l’administration du stockage allant de la périphérie au Cloud, qu’il soit privé ou public. Reste à voir si les entreprises sont prêtes à changer leur approche Best of Breed du stockage et d’unifier elles aussi les services autour des données. ✖
« Beaucoup font le choix de supprimer les services de fichiers pour des drives d’utilisateurs dans S3 »
Nicolas Groh responsable technique – Rubrik