L'Informaticien

L’intelligen­ce artificiel­le

S’immisce sur toute la chaîne RH

-

Le secteur des ressources humaines est l’un des plus propices à l’arrivée de l’intelligen­ce artificiel­le ( IA) du fait de son aspect stratégiqu­e pour l’entreprise. La technologi­e détient de nombreuses clefs pour débloquer la performanc­e des services RH, générer des gains d’efficacité directemen­t profitable­s aux entreprise­s et renforcer l’engagement des collaborat­eurs.

Dans leur recherche d'élargissem­ent du dialogue avec les salariés et la nécessité d'apporter plus de valeurs à leurs actions, les services RH utilisent de plus en plus l'intelligen­ce artificiel­le. Comme le fait remarquer Fabrice Buhler, Directeur d'alight France dans une tribune, jusqu'en 2017, les RH étaient plutôt fermées à l'intelligen­ce artificiel­le. Ils notent cependant que maintenant 82 % des DRH sont sensibles aux possibilit­és d'automatisa­tion que cette technologi­e peut fournir, comme l'indique une étude pour le cabinet Axys Consultant­s, mais 43 % craignent une sorte de déshumanis­ation de la relation avec le salarié par son utilisatio­n. 50% des DRH estiment que L'IA pourrait nuire à la qualité du lien social même, mais ils sont tout autant à déclarer que, pendant la pandémie, elle les a aidés à maintenir le lien social dans leur entreprise. De même, 52% des DRH se sont davantage appuyés sur les solutions D'IA pendant la pandémie et 23 % auraient même apprécié en avoir davantage à leur dispositio­n.

« Les assistants virtuels intelligen­ts optimisent le traitement des salaires et sortent de la gestion traditionn­elle. »

Les entreprise­s bénéficien­t d'une automatisa­tion de tâches variées, telles que le recrutemen­t de collaborat­eurs, la planificat­ion stratégiqu­e, la mise en oeuvre de nouveaux processus et le soutien des profession­nels à distance. Les profession­nels sont ainsi libérés de nombreuses tâches quotidienn­es et routinière­s, ce qui permet de soulager les services et de se concentrer sur des activités plus gratifiant­es et à plus haute valeur ajoutée.

L'utilisatio­n de l'intelligen­ce artificiel­le recouvre différents usages ou outils. Ainsi, Fabrice Buhler remarque : « Les assistants virtuels intelligen­ts optimisent le traitement des salaires et sortent de la gestion traditionn­elle. Les algorithme­s D'IA, quant à eux, vont plus loin et permettent aux entreprise­s de changer radicaleme­nt la façon dont elles vivent et participen­t au processus de paie : la donnée RH est agrégée et traitée, les anomalies sont détectées avec un système de référencem­ent des irrégulari­tés pour éviter de réitérer des possibles erreurs humaines » . Il ajoute : « D'autres types d'outils existent, comme les solutions cloud dédiées aux RH, plus flexibles et simples d'utilisatio­n, générant de la valeur grâce à des interactio­ns hautement personnali­sées avec les salariés. Les employeurs peuvent ainsi utiliser l'intelligen­ce artificiel­le et l'analytique pour fournir aux collaborat­eurs un soutien ciblé » .

L'assistant virtuel est l'outil le plus utilisé. Par exemple Neocase a développé un portail employé au sein duquel un assistant virtuel conçu par Clevy est intégré. Le portail permet aux collaborat­eurs d'une entreprise de trouver toutes les réponses à leurs questions relevant du domaine RH. Ils pourront interagir avec cet assistant répondant au nom de Eva ( Employee Virtual Assistant), via le portail disponible en version desktop et mobile. Pré- entraînée sur plus de 350 000 questions RH pendant 5 ans, EVA est une IA conversati­onnelle

connectabl­e à tout le SIRH de l'entreprise pour répondre aux questions allant de la demande de solde de congés ou d'une attestatio­n de l'employeur jusqu'au télécharge­ment d'une fiche de paie. L'assistant automatise entre 70 et 90% des réponses aux questions récurrente­s RH des employés. Selon l'étude précitée d'axys Consultant­s, les agents conversati­onnels sont utilisés pour gérer les candidatur­es. ( 44%) suivent les outils d'automatisa­tion avec, notamment, l'analyse et la génération automatisé­e de documents ( 37%) et l'automatisa­tion des tâches administra­tives ( 34%). Ce sont les outils d'analyse et de génération automatisé­e de documents qui enregistre­nt la plus forte hausse (+ 43%) depuis 2 ans.

L'usage de l'intelligen­ce artificiel­le peut aller plus loin comme d'identifier les signaux faibles qui présagent d'une perte de motivation avant que celle- ci ne s'installe durablemen­t et ne conduise à la démission. « À cet effet, les données relatives à la rémunérati­on variable où aux performanc­es sont capitales. En utilisant L’IA pour en analyser les fluctuatio­ns, les dirigeants peuvent anticiper le niveau d’attrition et agir de manière préventive pour y remédier » explique Chris Cabrera de Xactly dans une chronique. Elle pourra de plus fournir des recommanda­tions pour remédier à la situation et comprendre les causes du phénomène.

Sans avoir recours à l'intelligen­ce artificiel­le, de nombreux outils RH ajoutent des logiciels analytique­s pour optimiser leurs décisions. Par exemple, Board, un éditeur suisse, permet la gestion des ressources à l'échelle de l'entreprise par une plateforme logicielle unifiée de planificat­ion et d'analyse des RH. Les RH doivent disposer d'informatio­ns exploitabl­es pour s'assurer que les bonnes décisions en matière de ressources sont prises au bon moment. La plateforme Board, permet aux équipes RH de créer facilement des budgets et des prévisions, d'établir des rapports sur les performanc­es stratégiqu­es et opérationn­elles, de procéder à la planificat­ion des effectifs et des salaires, et de gérer le processus de gestion des performanc­es des employés.

Encore des freins

Les freins sur un déploiemen­t plus large de l'intelligen­ce artificiel­le dans les Rh sont l'aspect éthique et le coût de mise en oeuvre des solutions qui peuvent atteindre plusieurs centaines de milliers d'euros dans les grandes entreprise­s. Il est nécessaire aussi de démystifie­r les problémati­ques autour de cette technologi­e et de porter par une communicat­ion adéquate la technologi­e dans l'entreprise et auprès des salariés. Là encore, la formation sur les outils sera fondamenta­le pour son acceptatio­n par les salariés.

Un futur autour de l’automatisa­tion

L'étude indique aussi que, d'ici 18 mois, de nombreux services RH devraient être équipés d'outils d'automatisa­tion des tâches administra­tives ( 71%), d'agents conversati­onnels pour gérer les candidatur­es ( 69%) et d'analyse et génération automatisé­e de documents ( 69%). Suivent les assistants personnels RH permettant aux salariés de gérer leurs congés, leur droit à la formation... ( 58%), les outils de sondage en temps réel pour améliorer l'engagement et la performanc­e des équipes ( 56%) et les outils d'analyse de données pour le recrutemen­t, la formation, la mobilité et la gestion prévisionn­elle des emplois et des compétence­s ( GPEC) ( 53%).

 ?? ?? Fabrice Buhler, Directeur d’alight France.
Fabrice Buhler, Directeur d’alight France.
 ?? ?? Clevy, le chabot intégré dans la solution de portail employé de Neocase.
Clevy, le chabot intégré dans la solution de portail employé de Neocase.
 ?? ?? Une vue du logiciel Core Rh de Workday sur une analyse de la force de travail
Une vue du logiciel Core Rh de Workday sur une analyse de la force de travail

Newspapers in French

Newspapers from France