Les portes du Campus Cyber s’ouvrent
C’est un peu devenu notre marronnier, ici à l’informaticien. Six mois ne passent pas sans que nous ne vous gratifiions d’un article sur le Campus Cyber. Pour notre défense, l’ouverture du « lieu totem » de la cybersécurité en France a été repoussée à plusieurs reprises. Mais cette fois- ci, c’est la bonne ! Le « navire- amiral » de l’écosystème a été inauguré le 15 février et commence à accueillir les premières équipes installées dans le « fer de lance de la France en matière de politique cyber » .
Le Campus Cyber a été inauguré le 15 février par le ministre de l'économie, des Finances et de la Relance, Bruno Le Maire, en présence de la ministre de l'enseignement supérieur, de la Recherche et de l'innovation, Frédérique Vidal, du secrétaire d'etat chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, Cédric O, et du directeur général de L'ANSSI Guillaume Poupard. Le nouveau haut- lieu de l'écosystème cyber français regroupe, sur les treize étages de la Tour Eria, au pied de la Défense, environ 1700 personnes. Les 26 000 m ² du Campus accueillent des acteurs du public, du privé, du monde des startups, de la formation et de la recherche, soit plus de 160 organisations nationales et internationales ayant pour dénominateur commun d'oeuvrer dans le secteur de la cybersécurité. « Après un an de mise en oeuvre au pas de charge, la stratégie nationale cyber accélère et prend une nouvelle dimension avec l'inauguration du campus cyber. Nous sommes fiers de ce lieu emblématique public- privé, qui est une première en Europe. La stratégie nationale cyber allie une grande ambition technologique et une action résolue pour élever notre niveau de résilience face aux cybermenaces » applaudit Cédric O, secrétaire d'etat au numérique.
« Le Campus dirigé par Michel Van Den Berghe permettra de favoriser la réalisation de projets de recherche et de développement ainsi que l'éclosion des licornes cyber de demain » assure le communiqué émis par le gouvernement à l'occasion de l'inauguration. Le projet est porté par le secteur privé, souhait maintes fois exprimé par son président, avec le soutien de l'etat. L'exécutif insiste d'ailleurs sur ses « nombreuses actions de soutien à l'entreprenariat » , à commencer par le Cyber Booster, un startup studio localisé dans le Campus et à Rennes. Prochaine
étape : la mise en place d'un accélérateur de start- ups. Rappelons que pour la gestion de la partie immobilière et l'administration des lieux, le Campus Cyber s'est constitué en SAS au capital de laquelle l'etat a abondé à hauteur de 3,5 millions d'euros et 93 actionnaires issus du privé à 4,5 millions d'euros, représentant 54% de la participation au Campus. « L'inauguration de ce campus cyber est une étape majeure dans la mise en oeuvre de la stratégie nationale de cybersécurité décidée par le président de la République. C'est un enjeu vital pour notre souveraineté et une opportunité économique majeure pour nos entrepreneurs et nos start- ups. Il faut donc continuer à déployer cette stratégie et investir aux côtés des acteurs privés de l'écosystème cyber français dans les compétences, la formation et les entreprises du secteur » souligne Bruno Le Maire.
160 acteurs
Après les travaux, les manoeuvres se poursuivent tour Eria, avec l'installation progressive des nombreuses équipes attendues. Pour mémoire, 35% du Campus consiste en des espaces collaboratifs, du showroom à l'auditorium en passant par un studio TV. Un quart des locaux seront privatisés par les grands groupes du cyber, sachant que pour chaque mètre carré loué, le Campus leur en facture 1,2 de sorte à financer les autres espaces. Le reste se divise entre les zones réservées à l'etat, à la formation, aux pépites et aux internationaux. Car oui, il y a bien des internationaux dans la tour, et pas seulement des Européens. IBM France et Proofpoint se sont d'ailleurs récemment félicités de rejoindre le Campus. Stupeur dans les rangs : le projet très franco- français va- t- il, tel un Gaia- X, accepter de se faire envahir par les Américains ? Donnera- t- on accès à Big Blue à nos secrets industriels ? Que nenni, rétorque Michel Van Den Berghe. Tout est sous contrôle grâce à
un système de statuts. On trouve donc dans les lieux les « membres » , qui participent à la gouvernance du campus : ce sont les entreprises, les institutions et les associations européennes qui entrent, pour la plupart, dans l'actionnariat du campus. Les « résidents » sont ceux qui vont résider sur le campus. Enfin, viennent les « adhérents » , qui, comme IBM, ne peuvent être membres mais, en échange d'une contribution financière, ont accès aux parties communes. « En outre, on a dans la tour un étage pour les acteurs internationaux, pour créer des bulles autour de différents niveaux de confiance » précise le président du Campus.
On apprend ainsi que le cabinet de conseils Wavestone y place une partie de ses équipes : le 21 février, l'équipe de réponse à incident ( CERT- W), les experts innovation et des experts techniques y poseront donc leurs valises. Comme prévu, L'ANSSI arrive en force dans le lieu totem de la cyber bleu- blanc- rouge, où 80 agents de l'agence travailleront à terme. Pour Guillaume Poupard, « le Campus Cyber est la concrétisation de cette intuition qu'il faut travailler ensemble pour construire les solutions cyber de demain. La cybersécurité progressera grâce au partage d'expériences entre les acteurs publics, privés, de la formation et de la recherche. Le rôle du Campus Cyber est de rendre possible au quotidien cette mise en commun de connaissances. Fortement investie dans ce projet, L'ANSSI engagera l'ensemble de son expertise et de son expérience pour contribuer au rayonnement du Campus en France et en Europe » . Le mois prochain, le RSSI de l'etat installera à Puteaux sa toute nouvelle Division industrie et technologies, tandis que son CFSSI ( Centre de Formation à la Sécurité des Systèmes d'information) en profitera pour doubler en taille. Les troupes de L'ANSSI y retrouveront leurs amis de cybermalveillance. gouv et de l'intercert France, qui eux aussi dépêchent des représentants sur le Campus.