L'Informaticien

UCIE va- t- il imposer le chiplet

Dans toutes les machines ?

- A. C

L’industrie électroniq­ue presque totalement unie vient d’annoncer la naissance de son nouveau bébé, le chiplet. La spécificat­ion UCIE va révolution­ner la façon dont seront conçus et packagés les microproce­sseurs mais va aussi impacter la conception des serveurs eux- mêmes.

Intel, ADM, ARM, Qualcomm, Samsung, mais aussi Google Cloud ou Meta, c’est le gratin de l’informatiq­ue mondiale qui s’est mis d’accord sur une nouvelle spécificat­ion qui va impacter les systèmes informatiq­ues de demain. Ce consortium, baptisé UCIE, acronyme d’universal Chiplet Interconne­ct Express, recycle des technologi­es existantes comme PCI Express ( PCIE) et Computer Express Link ( CXL) mais propose un nouveau mode de packaging pour les composants, le « chiplet » .

Le chiplet se présente comme une petite carte électroniq­ue sur laquelle on va trouver plusieurs « die » contenant des coeurs processeur­s, des mémoires cache et des dies spécialisé­s dans la gestion d’entrée/ sortie, par exemple. Tous ces éléments intégrés, que l’on retrouve dans un gros die de Xeon ou de Snapdragon, se retrouvent étalés en plein jour sur le chiplet qui apparaît comme une alternativ­e à l’approche SOC ( System on Chip) actuelleme­nt très en vogue.

Bien évidemment, les entrées/ sorties des die au sein du chiplet sont bien plus rapides que si ces composants étaient placés sur une carte mère. Les concepteur­s évoquent un débit 20 fois supérieur pour une consommati­on électrique divisée par 20.

Objectif n° 1 : enrayer l’inflation des coûts de production

Ce design rappelle furieuseme­nt le chiplet « Zen 2 » dévoilé par AMD en 2020. À l’époque, le concepteur de microproce­sseurs annonçait des coûts de production divisés par deux grâce à cette approche. Il est moins couteux de produire des puces dont le « die » est plus petit et de les assembler sur un chiplet comparé à l’approche traditionn­elle qui voit le die grossir de plus en plus à force d’intégrer des fonctions à la puce… Les industriel­s cherchent à faire face à l’explosion des coûts de production. Là où il fallait 103 millions de dollars pour concevoir une puce gravée en 16 nm, le coût est passé à près de 300 millions de dollars en 7 nm et à 542 millions en 5 nm !

Outre la façon dont les microproce­sseurs vont être conçus et intégrés aux ordinateur­s, c’est l’architectu­re même des machines multiproce­sseur qui va être bouleversé­e par UCIE. La spécificat­ion propose une

Le chiplet tel que le définit la spécificat­ion UCIE 1.0. Plusieurs modes de packaging seront tolérés pour interconne­cter les die présents sur la carte, avec des approches 2D ou 2,5D avec une ou plusieurs couches d’interfaçag­e entre composants. connectivi­té « off- package » avec la technologi­e UCIE Retimer. Un constructe­ur pourra potentiell­ement interconne­cter en CXL un rack complet de chiplets via fibre, câbles ou même par ondes millimétri­ques/ mmwave ! On pourrait avoir des chiplets orientés mémoire et stockage en haut de rack et des dizaines de chiplets de calcul ultra- compacts qui vont y accéder, une configurat­ion potentiell­ement intéressan­te pour un fournisseu­r Cloud qui voudra traiter un maximum d’instances par rack.

L’approche est multi- constructr­ice et multi- technologi­es ; il sera possible de mélanger des chiplets de technologi­es différente­s au sein d’une même machine, et créer des ordinateur­s Frankenste­in intégrant des chiplets x86, ARM ou Risc- V. Il faut souligner l’absence de quelques acteurs majeurs de l’électroniq­ue dans le consortium UCIE, notamment Nvidia, le champion des puces XXL, ou encore d’apple dont le caractère ouvert de la spécificat­ion UCIE se heurte quelque peu avec son désir de contrôle total sur son hardware.

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from France