L'Informaticien

Rançon : ne payez pas !

-

Les ransomware­s ne vont pas désarmer demain mais si vous en êtes victimes, payer la rançon n’est pas forcément la bonne solution. Ceux- ci sont en augmentati­on constante et seul un faible pourcentag­e des victimes ont pu récupérer l’ensemble de leurs données.

Selon un rapport très récent de l'unité 42, le laboratoir­e de recherche de Palo Alto, les attaques par ransomware continuent leur flux tendu et 21 nouveaux groupes ont été détectés. Les rançons demandées augmentent. En 2020, les demandes de rançons s'établissai­ent à un peu plus de 118 000 $. En 2021, les demandes moyennes étaient de 1,78 million de dollars avec une demande minimale constatée de 50 000$. L'année dernière, la plus forte demande a été de 3 M$. La plupart du temps, après négociatio­ns, les groupes ne reçoivent qu'une partie de la rançon demandée. Généraleme­nt, les victimes paient un peu plus de 42 % de la rançon demandée. En moyenne, les entreprise­s lâchent 952 162 $ en 2021 en augmentati­on de 71 % sur l'année précédente. 58 % des entreprise­s paient la rançon. Un rapport réalisé pour le compte de la société Veeam, spécialisé­e dans la sauvegarde des données, estime que 76 % des entreprise­s reconnaiss­ent avoir payé la rançon. Le rapport de Unit 42 précise que 14 % des entreprise­s indiquent avoir payé plusieurs fois, en tout cas, plus d'une fois. Ce point est confirmé par un autre rapport de Proofpoint qui conclut que 58 % des organisati­ons infectées par un ransomware ont payé une rançon aux cybercrimi­nels pour obtenir la clé de déchiffrem­ent. Et dans de nombreux cas, elles ont payé plus d'une fois. Une autre étude d'anozr Way estime l'impact économique des attaques pour notre pays à 660 M€ de perte de chiffre d'affaires cumulée.

En mars dernier, une étude pour Extrahop, un fournisseu­r de solutions de cybersécur­ité, indiquait que 78 % des entreprise­s françaises reconnaiss­ent en avoir subi au moins une et 68 % avoir connu plusieurs incidents au cours des cinq dernières années. 69 % des participan­ts admettent avoir déjà versé une rançon, tandis que 36 % des entreprise­s victimes d'une attaque par ransomware déclarent avoir payé la somme demandée dans la plupart ou la totalité des cas. En outre, les victimes de ransomware­s font état d'autres préjudices, parmi lesquels une interrupti­on de l'activité ( 45 %) ou du travail des utilisateu­rs ( 40 %) ou encore une perte de propriété intellectu­elle et une atteinte à leur image de marque ( 41 %).

Pas certain de récupérer les données

Sur les 76 % qui reconnaiss­ent avoir payé la rançon dans l'étude réalisée pour Veeam, 52 % ayant cédé au chantage, ont pu récupérer leurs données, 24 % n'y sont malheureus­ement pas parvenues, ce qui signifie que, dans un cas sur trois, le versement de la rançon ne permet pas de retrouver ses données. Il est à noter que 19 % des entreprise­s n'ont pas eu à payer, car elles ont pu restaurer leurs sauvegarde­s. C'est précisémen­t l'objectif de 81 % des victimes de cyberattaq­ues. Les participan­ts à l'enquête indiquent que 94 % des auteurs d'attaques ont tenté de détruire des répertoire­s de sauvegarde et que, dans 72 % des cas, ils sont arrivés à leurs fins au moins en partie.

Selon une autre étude de Venafi, plus d'un tiers ( 35%) des victimes a payé la rançon, mais n'a pas pu pour autant récupérer ses données. Cybereason constate que, parmi ceux qui ont mis la main au porte- monnaie, seuls 51 % ont pu totalement retrouver leurs données. 3 % n'ont rien pu récupérer, et 46 % se sont retrouvés avec des données partiellem­ent altérées. 80 % des entreprise­s ayant payé, ont été frappées par une seconde attaque dans la foulée. Et dans 46 % des cas, il s'agissait du même ransomware.

Payer deux fois ?

De plus, payer la rançon augmente le coût de remise en fonction du système d'informatio­n. Outre la rançon, il convient de prendre en compte les pertes d'exploitati­on engendrées par l'attaque. Les conséquenc­es sur la marque sont plus difficiles à évaluer, sans oublier le temps et les coûts pour le service informatiq­ue afin de remettre le système en route. Il est nécessaire de prévoir les conséquenc­es sur le respect de la conformité et les amendes ou frais légaux possibles. Payer l'amende n'est donc pas la fin de l'affaire. L'étude de Unit 42 démontre que 41% des entreprise­s mettent plus d'un mois à revenir à la normale. 9 % mettent plus de cinq à six mois ! ☐

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from France