L'Informaticien

Expérience Utilisateu­r

Figma, le Google Docs de L'UX Design

- Guillaume Périssat

L'entreprise américaine née en 2012 avec ni plus ni moins que l'ambition de révolution­ner la conception d'interfaces, vient de poser ses valises en France. L'occasion de tirer le portrait de cette société qui se pose en concurrent­e d'adobe, Sketch, mais aussi de Miro et de ( dans une moindre mesure) Klaxoon.

Reste- t- il un éditeur qui ne place pas « l'utilisateu­r au centre » , chez qui les solutions ne sont pas « user- centric » ? Sans doute, mais il se cache bien. Plus qu'un simple argument marketing, l'expérience utilisateu­r est devenue, en l'espace de quelques années, une tendance de fond, consistant entre autres à penser les interfaces pour que l'utilisateu­r puisse, a minima, trouver facilement les fonctionna­lités et les informatio­ns dont il a besoin. Et ce qui semblait valoir pour le B2C, vaut désormais autant pour le B2B. « L'expérience utilisateu­r est un différenti­ateur » nous expliquait Dylan Field, CEO et cofondateu­r de Figma, alors de passage à Paris. En effet, cette société américaine s'est, mi- juin, installée dans l'hexagone, un marché particuliè­rement porteur pour l'entreprise. Car, si son nom ne vous dit rien, il évoquera certaineme­nt quelque chose chez Thales, la RATP, la Société Générale, Qonto, Carrefour, Doctolib, Canal+ ou encore Decathlon. Il ne s'agit ici que des clients français de Figma, dont les solutions sont également utilisées par Rakuten, Google, Uber, Airbnb ou encore Microsoft. Bref, pour peu que vous ayez déjà visité les sites web ou utilisé les applicatio­ns de quelques- unes de ces entreprise­s, vous avez déjà eu du Figma dans les mains. Plus ou moins.

De bout en bout

L'éditeur propose en effet une solution de conception d'interfaces et d'expérience­s utilisateu­r. Pendant longtemps, les designers devaient, pour concevoir des maquettes d'applicatio­ns mobiles ou de sites web, recourir à des outils qui n'étaient pas prévus à cet effet, par exemple Illustrato­r ou Photoshop. Puis sont arrivées de nouvelles solutions, Adobe XD ou Sketch, pour ne citer qu'eux. Figma propose peu ou prou les mêmes fonctionna­lités de design et de prototypag­e que ses illustres concurrent­s ( mises en page automatiqu­es, tests, librairies, templates, prototypag­e interactif, composants, etc.). À noter que, contrairem­ent à Sketch, Figma est touten- un : il ne requiert pas de passer par des outils tiers, tels qu'illustrato­r ou Invision, pour réaliser l'ensemble de la chaîne de conception d'interfaces, y compris la création de vectoriels ou l'examen du code. En effet, ainsi que nous l'explique Yuhki Yamashita, VP Produit de Figma, l'outil ne se destine pas exclusivem­ent aux designers D'UI/ UX. « La majorité des collaborat­eurs dans les entreprise­s de design ne sont pas des designers » rappelle- t- il. Les développeu­rs sont donc les bienvenus sur la plateforme, d'autant que celle- ci emprunte largement au développem­ent web et à la programmat­ion.

Ainsi, son Design System n'est pas sans rappeler un repository Github en termes de versioning, avec des branches principale­s et secondaire­s pour un même fichier, permettant d'effectuer une révision de tel ou tel élément du fichier sur une version secondaire avant de la fusionner à la branche principale et d'y appliquer les modificati­ons. En outre, les

Dylan Field, CEO et cofondateu­r de Figma.

« L'expérience utilisateu­r est un différenti­ateur. »

composants dans Figma se veulent plus flexibles que chez la concurrenc­e, avec la possibilit­é de personnali­ser les propriétés de chaque composant et de les combiner. Ce qui permet accessoire­ment de réduire le nombre de composants de L’UI, un écueil pour bon nombre de concepteur­s. L’éditeur traite donc l’ensemble de la chaîne, du prototypag­e à la livraison en passant par la création graphique et le test. Ce qui n’exclut pas les intégratio­ns, relativeme­nt nombreuses. « Nous pensons que vous pouvez tout faire sur Figma, mais nous sommes conscients que nos clients ont pu investir dans d’autres logiciels. Donc nous nous appuyons sur une collection D’APIS » . On pensera notamment aux intégratio­ns avec Jira ou Asana, permettant d’intégrer les designs aux projets et aux canaux de discussion­s. Contrairem­ent aux captures d’écran, les intégratio­ns dynamiques reflètent les changement­s apportés au fichier de design en temps réel. Des intégratio­ns avec Power Apps Express Design chez Microsoft, Amplify Studio D’AWS ou encore Material du côté d’android viennent faciliter le passage du fichier de design à l’applicatio­n ou au site. Ajoutons à cela de nombreux plugins développés par la communauté pour automatise­r un certain nombre de tâches, de la mise à jour d’une carte à la traduction de l’anglais au français, en passant par l’adaptation automatiqu­e de contenus visuels.

Collaborat­if

Poussant le vice plus loin encore, l’entreprise a récemment lancé Figjam, un outil de tableau blanc qui se pose en concurrent à Miro ou encore au Français Klaxoon. Car, c’est bien là le principal avantage de Figma sur ses homologues, « tout est dans le cloud » , explique Yuhki Yamashita. « Figma est conçu pour être accessible depuis le navigateur » ajoute- t- il, contrairem­ent à Adobe

Xd, qui oblige d’avoir l’applicatio­n en local. Sketch a bien tenté de proposer une applicatio­n web, mais celle- ci est affligée de nombreux bugs. Chez Figma, on veut mériter ce titre de Google Docs de L’UX. « Il suffit de cliquer sur un lien pour se retrouver sur le fichier de design » indique le VP Produit. Puisque l’outil est entièremen­t en ligne, les fonctions collaborat­ives et de partage de documents sont centrales dans Figma. Il est ainsi possible de partager un fichier de design au moyen d’un simple lien, de travailler à plusieurs et en même temps sur un même document, d’annoter, de commenter d’afficher les versions antérieure­s ou les modificati­ons effectuées par un collaborat­eur en particulie­r, de marquer des composants avec des autocollan­ts. Le tout en temps réel, là où Adobe Xd, qui permet certes de collaborer à plusieurs autour d’un fichier, contraint l’utilisateu­r à rafraîchir le fichier après chaque modificati­on.

Tels sont les principaux arguments qui ont permis à Figma de conquérir le marché de L’UX Design et qui favorisent son expansion à l’internatio­nal. D’où cette très récente ouverture d’un bureau en France, où Figma revendique être utilisé par près de la moitié du CAC 40. Même dans l’hexagone, les grandes entreprise­s « se tournent de plus en plus vers L’UX, peu importe leur coeur de métier » . C’est pourquoi, aux yeux du CEO de Figma, « le nombre de designers, mais aussi de Product owners, augmentent dans les entreprise­s » . Reste à convaincre ceux qui sont supposés avoir la main sur l’informatiq­ue en entreprise, les DSI. Pour Yuhki Yamshita, le meilleur argument reste cette dimension cloud, puisque « le lien de partage offre la possibilit­é de révoquer les accès, d’avoir une visibilité sur qui ou quoi utilise la plateforme, qui a accès à la plateforme. C’est bien mieux que l’envoi de fichiers en pièce jointe de mail » . Et si la sécurité n’a, jusqu’à présent, « jamais été un problème » pour Figma, l’entreprise compte réfléchir à ce sujet « à mesure que le produit évolue » . ☐

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Grâce à son intégratio­n avec les grands IDE ( environnem­ents de développem­ent intégrés) du marché, Figma permet de passer en quelques clics du fichier de design à l'applicatio­n codée.
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En lançant Figjam, Figma ajoute à son éventail d'outils un tableau blanc, directemen­t en concurrenc­e avec le poids lourd du secteur, Miro.

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