Pour limiter les risques, la SNCF fait des noeuds papillons
L’exploitation ferroviaire, soit le fait de faire circuler des trains, implique obligatoirement un management des risques. Le Plateau Risque de la SNCF s’appuie sur Ignimission pour modéliser les risques d’incidents.
Les noeuds papillons sont d’usage depuis 2016 au sein de la SNCF ( voir encadré). Deux ans plus tard, le Plateau Risque était créé pour impulser de nouvelles approches de la gestion des risques. Dans un premier temps, les risques d’incidents dans l’exploitation, un franchissement de signal d’arrêt par exemple, sont représentés sur papier, au crayon. Puis Ignimission est venu y mettre son grain de sel. Cette société, née en 2017, est spécialisée dans la collecte et l’échange de données. « Quelqu’un avait déjà utilisé Ignimission et a proposé l’outil. C’est comme ça que le POC a démarré, pour aboutir à l’outil complètement intégré aujourd’hui » raconte David Groud, chef de projet IT sur le plateau risque de la SNCF. En effet, l’outil fourni par la jeune pousse permet au noeud papillon de monter en puissance, en lui ajoutant de la donnée.
L’outil, MARS, pour « Modéliser et Analyser les Risques Sécurité » , a deux aspects. Le premier, EVENT, « est utilisé quand un événement se produit » nous explique Anne- Marie Vimard, responsable du pôle modélisation et analyse du Plateau Risque. « Nous avons une librairie de 28 risques majeurs dans l’exploitation ferroviaire, 28 noeuds- papillons qui peuvent être utilisés pour reconstituer ce qui s’est produit, et analyser les barrières, celles qui auraient dû empêcher l’accident » . Il s’agit ici de « réactif » .
Réactif et proactif
Mais attention, le but d’un noeud papillon n’est pas de faire du prédictif. Les données sont saisies par les agents intervenant sur le terrain et des experts métiers. Une saisie d’informations guidée, mais manuelle. À noter que, au début de MARS EVENT, le module de visualisation était basé sur Qlik, obligeant à jongler entre les deux outils. Avec des problèmes certains d’interfaçage et de vérification des données. « Nous avons, il y a un an, sollicité Ignimission afin qu’il intègre dans leur outil la partie visualisation. Elle a été mise en production au début de l’année » indique David Groud.
L’autre grand progrès, c’est l’aspect proactif, avec MARS VIZ justement. « La SNCF a une culture surtout du réactif, nous essayons d’aller plus loin avec les données pour faire des analyses de comportements des barrières » souligne Anne- Marie Vimard. « Ainsi, quand un certain nombre d’événements se sont produits, nous allons en agréger les données, ce qui nous permettra d’identifier les scénarios les plus fréquents et le comportement des barrières, de sorte à établir des plans d’action » . Et ainsi intervenir en amont sur des barrières dont les défaillances ressortent de ces scénarios enrichis de données. Les noeuds papillons vont, en outre, être mis à profit pour « dépassionner le débat et donner du sens aux procédures, aux barrières » , et in fine de sensibiliser les opérateurs aux risques. Le Plateau Risque produit ainsi des « essentiels » , des fascicules synthétisant ces noeuds papillons, récupérés sur le Sharepoint interne de la société par au moins un millier de managers. ☐