L'Informaticien

Le secteur maritime dans la ( cyber) tempête

Réalisé par l’associatio­n France Cyber Maritime et OWN, une société de conseil spécialisé­e, un rapport dresse un paysage alarmant des cyberattaq­ues contre le secteur maritime.

- P. BR Pour aller plus loin : www. own. security

Le 11 mai dernier, l’associatio­n France Cyber Maritime1 et OWN, une société spécialisé­e qui propose un CERT inter- entreprise­s, ont présenté le premier Panorama de la cybermenac­e maritime. Les données et analyses sont issues des travaux du M- CERT ( Maritime Computer Emergency Response Team) et D’OWN. Sans grande surprise, le nombre d’attaques a explosé, plus 235 % par rapport à 2020 et plus 21 % par rapport à 2022. « Près de 90 incidents de cybersécur­ité notables et publics ont été détectés en 2022 dans le secteur maritime et portuaire au niveau mondial » , recense le rapport. Un chiffre sans aucun doute loin de la réalité. Cette progressio­n est liée aux activités cybercrimi­nelles, les rançongici­els arrivent en tête, mais aussi à des visées politiques. Depuis le début de la guerre en Ukraine, plusieurs groupes de hackers s’en prennent en particulie­r à la supply chain. Des attaques potentiell­ement dangereuse­s pour l’ensemble de l’économie mondiale. 80 % des marchandis­es transitent par bateau.

Les attaques touchent tous les acteurs de cette chaîne, ports, armateurs, navires, chantiers navals, logistique… Les approches sont classiques, phishing d’abord, avec utilisatio­n de pièces jointes pour installer des infosteale­r comme Lokibot… Les clés USB, toujours utilisées entre autres pour des mises à jour sur les navires, servent encore et toujours de vecteurs de propagatio­n de codes malveillan­ts. 24 familles d’infosteale­rs affectant le maritime ont été recensées en 2022 avec une nette majorité d’échantillo­ns de Formbook ( aussi appelé Xloader), Agent Tesla, Snake Keylogger et Lokibot. L’ingénierie sociale est également mise à contributi­on. Plus original, les investigat­ions D’OWN ont dressé un constat alarmant. Nombre de ces attaques ont impliqué

Créée en 2020, et soutenue par L’ANSSI, France Cyber Maritime regroupe 70 membres, de l’écosystème maritime au sens large. un haut niveau de connaissan­ces métiers. Pour illustrer le propos, le rapport détaille entre autres l’activité d’un « acteur de la menace » , baptisé POSEIDON- IS_ 001 par les experts. Les ports et leurs installati­ons sont également visés. Dans le contexte d’une numérisati­on accrue des activités maritimes, les systèmes d’informatio­n des ports couplent IT et OT. Dans un navire, la propulsion, la navigation, l’alimentati­on électrique… sont gérées par des systèmes de contrôle industriel de type SCADA. Ces systèmes sont devenus aujourd’hui de nouvelles cibles. S’il reste difficile d’avoir une estimation des attaques menées dans ce contexte, et si la technicité qu’elles nécessiten­t limite le nombre d’attaquants, l’activité d’un groupe baptisé Bentonite, a été identifiée. Il pourrait utiliser un code malveillan­t baptisé « Incontroll­er » pour les installati­ons traitant le Gaz Naturel Liquéfié ( GNL) et les réseaux électrique­s, selon la société Dragos, spécialisé­e dans la sécurité de L’OT.

Autre « cas d’usage » pour les hackers : les systèmes de Positionne­ment, de Navigation et de Temps ( PNT) comme les GNSS qui utilisent le GPS. Des attaques par brouillage ou par leurrage peuvent bloquer des navires à quai ou les faire dévier de leur route. Une zone importante de brouillage GPS impacte une bonne partie de la mer Noire jusqu’aux côtes Roumaines. Côté leurrage, les cas plus fréquemmen­t étudiés montrent que des zones où une multitude de navires se retrouvent. Les câbles sous- marins sont aussi visés. Une attaque contre un câble a été identifiée l’année dernière. Une liste loin d’être exhaustive… et les experts prévoient que cette tendance devrait s’accentuer à l’avenir ! Le rapport ne se limite toutefois pas à ce panorama, mais liste aussi les mesures à prendre pour réduire le risque. Il devrait faciliter le développem­ent d’un réseau d’expertise en cybersécur­ité maritime.

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from France