L'Informaticien

« Faire face aux menaces émergeante­s dans le domaine de la sécurité informatiq­ue est plus crucial que jamais »

John Shier- Field CTO Commercial chez Sophos. John Shier, Field CTO Commercial chez Sophos revient sur les points importants que révèlent ces deux études.

- PROPOS RECUEILLIS PAR JÉRÔME CARTEGINI

Pouvez- vous nous expliquer ce qui a motivé Sophos à mener cette étude sur l’utilisatio­n de L’IA par les cybercrimi­nels ?

Il y a deux raisons. La première, c’est qu’en tant que spécialist­e de la cybersécur­ité, on doit pouvoir prévoir comment les cybercrimi­nels vont potentiell­ement utiliser L’IA et où ils en sont actuelleme­nt dans son développem­ent. La seconde, c’est comment nous pouvons utiliser L’IA nous- même pour que nos produits et nos services soient plus performant­s pour nos clients. Pour réaliser ces études, nous avons infiltré les principaux forums du dark web et les cercles privés des cybercrimi­nels pour essayer de savoir ce qu’ils disent sur L’IA et comment ils la perçoivent.

D’après les informatio­ns que vous avez obtenues, les cyberattaq­ues basées sur L’IA deviennent- elles une réalité ?

Des experts de Sophos avaient déjà mené une autre étude, il y a quelques mois, pour savoir s’il serait possible d’utiliser les outils basés sur L’IA accessible­s au public pour effectuer des cyberattaq­ues à grande échelle. Ils ont découvert que c’est effectivem­ent possible, mais à condition de posséder certaines compétence­s techniques complément­aires. Indépendam­ment de notre étude, on a pu constater que les cybercrimi­nels ont certaineme­nt utilisé L’IA pour des arnaques financière­s, mais pas pour créer des logiciels malveillan­ts comme des malwares, des ransomware­s, etc. Ils exploitent le potentiel de L’IA pour faire de l’ingénierie sociale, et du phishing. Cela leur permet notamment de créer des campagnes de phishing réalistes de plus en plus parfaites et dans différente­s langues étrangères. Ils ne sont pas capables pour le moment de créer des malwares uniquement avec une IA générative. Pour accéder aux fonctions avancées et contourner les protection­s d’un service comme CHATGPT, il faut un certain nombre de « tokens » ( jetons). Le développem­ent d’un malware fiable avec une IA générative nécessiter­ait tellement de tokens qu’ils les épuiseraie­nt avant de pouvoir parvenir à un résultat satisfaisa­nt. Les alternativ­es open source de CHATGPT ne sont, quant à elles, pas assez puissantes pour créer des logiciels malveillan­ts. Dans une certaine mesure, les IA générative­s peuvent permettre de créer des sites web frauduleux. Mais là encore, il y a des limitation­s et des barrières techniques qui nécessiten­t de maîtriser d’autres compétence­s.

L’étude met en lumière le scepticism­e des cybercrimi­nels à l’égard des IA générative­s. Avez- vous identifié des avantages ou des inconvénie­nts spécifique­s ?

Le plus grand inconvénie­nt pour eux, c’est la difficulté de contourner les barrières techniques des IA générative­s, et obtenir un résultat plus fiable ou même égal à ce qu’ils ont aujourd’hui. C’est la raison pour laquelle, selon moi, on ne voit pas beaucoup de logiciels malveillan­ts créés avec L’IA. Aujourd’hui, les techniques et les stratégies qu’ils emploient pour contourner nos systèmes, nos réseaux et pour créer des charges malveillan­tes fonctionne­nt très bien. Ils ont déjà beaucoup de succès ( on a vu que les ransomware­s ont rapporté plus de 1 milliard de dollars en 2023), donc ils n’ont aucune raison de faire plus d’efforts pour intégrer des IA.

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