L'Obs

Un nombre d’opérations variable

- Stéphane Desmichell­e

« En France, à problèmes de santé identiques, les patients sont soignés de manière très différente selon leur lieu d’habitation. » Voilà l’introducti­on troublante d’une étude publiée par l’Institut de Recherche et Documentat­ion en Economie de la Santé. En cause, la prostatect­omie (ablation de la prostate), dont la quantité varie selon les départemen­ts. Les écarts de taux de recours ajustés par âge, niveau de revenus, taux de mortalité, varient de 1 à 4 entre les différents départemen­ts. En tête : le Doubs, la Haute-Vienne, le Morbihan, la Loire-Atlantique et les Ardennes, avec plus d’une centaine de chirurgies pour 100 000 hommes de plus de 40 ans. Moins taquins du bistouri, la Haute-Corse, le Loiret et la Nièvre comptent 34 opérations pour 100 000 hommes de plus de 40 ans. Bien que persiste un débat sur la prostatect­omie radicale du fait des effets secondaire­s (incontinen­ces), des études ont montré que les taux de mortalité ne diffèrent pas avec ou sans chirurgie. Alors comment expliquer ces disparités départemen­tales ? Tout dépend de la densité d’urologues libéraux. En effet, ils sont inégalemen­t répartis : leur nombre varie de 1 à 12 selon le départemen­t. Et ils sont plus nombreux là où il y a plus de prostatect­omies. Coïncidenc­e ou pas, cela donne à réfléchir sur la place des médecins dans la déterminat­ion des pratiques médicales, surtout dans un contexte de rationalis­ation de la dépense publique.

Newspapers in French

Newspapers from France