L’Europe selon Blair
Face à la montée des populismes, Tony Blair redit dans un entretien à “l’Obs” sa confiance dans le projet européen. Il soutient les réformes engagées par Manuel Valls. Et refuse de considérer que l’islamisme radical est une conséquence de la guerre contre
Comment expliquez-vous le divorce permanent entre les citoyens britanniques et l’Europe ?
J’ai toujours pensé que le problème principal de la Grande-Bretagne avec l’Europe est qu’elle a eu le sentiment de ne pas avoir fait partie de l’aventure dès le début. Les Britanniques ont toujours estimé que l’Europe était un projet élaboré par d’autres, qu’ils avaient été contraints de rejoindre plus tard. Il est temps de dépasser ce sentiment. Car le projet européen reste totalement valide en ce début de e siècle. Il l’est même plus que jamais pour contrer l’émergence de nouvelles puissances économiques, comme la Chine, l’Inde bientôt, l’Indonésie qui compte trois fois plus d’habitants que l’Allemagne. L’Europe est née avec comme idée prioritaire la consolidation de la paix. Aujourd’hui, c’est la constitution d’une véritable puissance économique qui doit la guider.
N’est-il pas trop tard ?
Non. Et c’est parce qu’il n’est pas trop tard que c’est une bêtise d’organiser un référendum sur la question du maintien du Royaume-Uni dans l’Union. Cela signifie, si les conservateurs sont reconduits après les élections de 2015, que cette question va dominer la vie politique britannique pendant les deux ans qui viennent. La seule position sensée serait de dire : « Nous faisons partie de l’Union, rassemblons nos forces pour changer l’Europe. » Bien sûr que le référendum est risqué, mais j’ai la conviction que les