L'Obs

L’Europe selon Blair

Face à la montée des populismes, Tony Blair redit dans un entretien à “l’Obs” sa confiance dans le projet européen. Il soutient les réformes engagées par Manuel Valls. Et refuse de considérer que l’islamisme radical est une conséquenc­e de la guerre contre

- MATTHIEU CROISSANDE­AU, SARA DANIEL ET PAUL QUINIO JEAN-FRANÇOIS ROBERT

Comment expliquez-vous le divorce permanent entre les citoyens britanniqu­es et l’Europe ?

J’ai toujours pensé que le problème principal de la Grande-Bretagne avec l’Europe est qu’elle a eu le sentiment de ne pas avoir fait partie de l’aventure dès le début. Les Britanniqu­es ont toujours estimé que l’Europe était un projet élaboré par d’autres, qu’ils avaient été contraints de rejoindre plus tard. Il est temps de dépasser ce sentiment. Car le projet européen reste totalement valide en ce début de e siècle. Il l’est même plus que jamais pour contrer l’émergence de nouvelles puissances économique­s, comme la Chine, l’Inde bientôt, l’Indonésie qui compte trois fois plus d’habitants que l’Allemagne. L’Europe est née avec comme idée prioritair­e la consolidat­ion de la paix. Aujourd’hui, c’est la constituti­on d’une véritable puissance économique qui doit la guider.

N’est-il pas trop tard ?

Non. Et c’est parce qu’il n’est pas trop tard que c’est une bêtise d’organiser un référendum sur la question du maintien du Royaume-Uni dans l’Union. Cela signifie, si les conservate­urs sont reconduits après les élections de 2015, que cette question va dominer la vie politique britanniqu­e pendant les deux ans qui viennent. La seule position sensée serait de dire : « Nous faisons partie de l’Union, rassemblon­s nos forces pour changer l’Europe. » Bien sûr que le référendum est risqué, mais j’ai la conviction que les

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