Shocking !
Où l’on voit que la vêture, c’est pas pour des confitures
Ils sont nombreux, dans cette région de Malaisie, à considérer que le mont Kinabalu est sacré. Il abrite les esprits des ancêtres, lesquels protègent des mauvais sorts. Le mont Kinabalu est aussi prisé des touristes, lesquels l’escaladent avec l’assistance de guides locaux : il culmine à 4 095 mètres sur l’île de Bornéo. L’autre semaine, un groupe d’une dizaine de jeunes Occidentaux, réunis pour l’ascension, se sont si bien entendus qu’ils sont tombés d’accord pour s’amuser ensemble, une fois arrivés au sommet ou à sa proximité. Il y faisait frisquet. Justement : si on se mettait à poil ? Les garçons ont eu tôt fait d’y être. Les filles ont été plus lentes et il semble, d’après les images que ce petit monde n’a pas manqué de di user sur le Net, qu’il fallut se contenter de leur torse nu. Làdessus, six jours plus tard, le Kinabalu de se mettre à trembler, comme il lui arrive, et le séisme, outre la désolation, a laissé derrière lui 18 morts.
Le guide prétend que ces touristes, malgré ses avertissements concernant le respect dû à cette montagne, une fois nus avaient uriné en choeur, il faut bien qu’on rigole, quand on a envie de rigoler. Internet n’en apporte pas la preuve et les intéressés le nient. La chose certaine, c’est que pour ses habitants, si la montagne a tremblé, c’est parce qu’elle a été o ensée. D’où l’expulsion de Malaisie de quelques-uns de ces jeunes gens et l’emprisonnement de quelques autres, moins chanceux. Une Anglaise est passée en justice. Elle a été condamnée à une amende et à trois jours de prison, qu’elle avait subis avant de comparaître. Il lui a été également signifié, avant de la mettre dehors, qu’elle ne serait plus la bienvenue dans le pays car si sa responsabilité dans le séisme meurtrier n’était pas prouvée, il est avéré qu’elle a heurté la sensibilité de beaucoup de ses habitants. Le chroniqueur vous a rapporté cette histoire de montagne prétendument sacrée parce qu’elle révèle les torts réciproques de deux groupes humains qui, naguère encore, ne se seraient jamais rencontrés. D’un côté, de jeunes modernes qui n’ont rien compris à la politesse. De l’autre, une population traditionaliste qui n’a rien compris à la laïcité.
Encore un sujet d’Elizabeth II qui se dénude là où il ne faut pas. Celui-ci revient périodiquement à l’actualité parce que ce n’est pas un routard d’occasion comme l’étudiante que nous venons de voir, pendant son voyage sabbatique, les seins à l’air sur le mont Kinabalu. Stephen Gough, âgé de 56 ans, ancien marin, s’obstine aujourd’hui à vivre sur les routes de Grande-Bretagne qu’il parcourt depuis au moins 2003 où la BBC l’a filmé pour un documentaire, vêtu de son seul sac à dos, de chaussettes et de chaussures, sur la tête un petit chapeau. Aussi le fourre-t-on régulièrement en prison. En prison, il vit entièrement nu. Quand il en sort, il est vêtu comme on vient de dire, aussi l’y refourre-t-on bientôt.
On ne garde pas comme ça les gens en prison. Il faut l’ordre d’un juge. Le juge peut ordonner provisoirement une détention, il ne peut la prolonger sans condamnation par un tribunal. Voilà pourquoi Stephen Gough avait été, une fois de plus, en octobre dernier, déféré devant la justice de Sa Majesté pour nudité intempestive. On l’avait prévenu qu’il lui fallait comparaître avec un habillement. Il avait répondu qu’il était à prendre tel quel ou alors qu’on se passe de lui. On s’était passé de lui et il avait été condamné par défaut à trente mois d’emprisonnement. Comme il avait fait appel de cette condamnation qu’il estime excessive (pas vous?), plutôt cette fois que de le juger par défaut, la cour a choisi la comparution à distance, sur écran. Exceptionnellement, on ne lui demanderait pas de se mettre debout pour répondre aux questions, au contraire on lui demanderait de rester assis derrière une table et, la caméra le surplombant, son torse seul apparaîtrait. Ainsi allait-il être le premier justiciable britannique à comparaître nu mais on ferait semblant de ne pas s’en apercevoir, même si sa permanente nudité était l’objet de sa comparution. J’adore cette situation absurde. Il faut imaginer le gars à poil et les autres en face, à quelques kilomètres de là, en robe et surmontés de la perruque. Ils gagnent leur vie. Lui la joue.
Appel rejeté. Les trente mois d’emprisonnement confirmés. Stephan Gough ayant passé la quasi-totalité de ces huit dernières années en prison, ça en fera dix quand il sera invité à en sortir. Et la reine, elle va bien ? Ça va. Et le petit prince ? Il fait pipi au lit.