Les saloperies des Soviétiques n’excusent pas celles des Américains…
Exact. La façon dont on a piétiné les droits des citoyens américains d’origine japonaise est honteuse. Mais, de l’autre côté, n’oubliez pas le massacre de Nankin, la décapitation de bébés, le viol des femmes, la tuerie généralisée… Que ressentez-vous face à ce que Dalton Trumbo nommait « le temps du crapaud » (« The Time of the Toad », 1949), à savoir la traque des communistes par les autorités américaines ? Je ne ressens pas grand-chose en dehors de mes livres. J’ai mon merdier à accomplir : « Perfidia » a demandé beaucoup, beaucoup de travail. Et je dois faire ça encore trois fois pour finir ce « Quatuor ». L’un de vos personnages favoris, c’est Fred Otash, le détective privé des stars de Hollywood. Vous l’avez rencontré et interviewé. Qui était-il ? Il était corrompu, rapace, très typique de l’époque. C’était une racaille libanaise, un baiseur de chameaux, il était répugnant. Je l’aimais bien, je ne le respectais pas. J’avais envie de lui donner de la place dans mes livres, mais il est mort. Je voulais le situer parmi les assassins de Kennedy… Il n’a pas voulu. Il me disait : « La mafia va me flinguer. » Je lui répondais : « La mafia s’en fout de toi, Fred. Ils ont d’autres mecs à trucider… » Je suis en train d’écrire un scénario sur lui pour David Fincher, mais, comme d’habitude à Hollywood, le film ne sera sans doute jamais fait.
Que pensez-vous de l’Amérique d’aujourd’hui ? Je ne veux pas en parler.
Mais encore… ? Les temps sont trop permissifs. Je vis à L.A., j’en ai marre de voir les billboards géants sur Sunset Boulevard, avec des capotes immenses qui font la pub du safe sex… Vous avez évoqué JFK dans vos livres, vous ne l’aimez pas, puis Roosevelt traverse « Perfidia »… Que pensez-vous des autres présidents, plus récents ?