L'Obs

Pourquoi ?

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Personne n’est jamais « le meilleur écrivain américain ». Me retrouver en France, pays de culture, de grande littératur­e, de grande musique, et être ainsi considéré, c’est dingue. En France, on considère que Robert Altman, Samuel Fuller, Nicholas Ray sont des grands artistes, c’est dire.

Vous n’aimez pas Orson Welles, non plus. Je hais « Citizen Kane ». Dans « Perfidia », il est question de Hollywood, et surtout de Bette Davis, qui était moche. Moi, j’ai toujours préféré Joan Crawford. Elle m’a obsédé. « Obsession », c’est un bon mot pour vous définir. Quand j’écris, je suis obsédé. J’essaie de communique­r cette obsession à mes lecteurs. C’est le but de ce second « Quatuor » : unifier les deux quatuors en un seul bloc qui va de 1941 à 1972. Je ne peux pas préjuger de la façon dont cet ensemble obsédera les lecteurs, mais j’espère leur refiler cette fièvre.

La spirituali­té vous intéresse ? Oui, je suis croyant, oui, oui. Je suis chrétien. Il faut prendre le temps de trouver Dieu, voilà tout. C’est une chose qui a grandi en moi au cours des ans. C’est une évidence qui m’a envahi, peu à peu. J’ai vécu des périodes dures dans ma vie et je les ai dépassées. J’ai des défauts, je ne suis pas un bon auteur de nouvelles, peut-être pas un scénariste de génie, mais je suis un bon romancier. J’ai une profonde compréhens­ion de ce qu’est un roman, et c’est un genre que je respecte et que j’admire. J’ai tout mis dans mes livres, je me suis échappé de la réalité en eux.

Comment vous est venue cette compréhens­ion ? J’avais 11 ans, j’avais envie de lire un putain de gros bouquin, cet été-là. Je suis tombé sur « le Comte de Monte-Cristo ». Mille pages. Un sacré tas de mots. J’ai adoré. C’est dingue : pensez, un gamin de 11 ans qui se met les doigts dans le nez et qui lit ce machin ! Génial ! Le livre m’est resté en tête. Et je me suis dit : j’écrirai des romans épiques, des livres longs… Mes bouquins font souvent plus de 700 pages en anglais. En France, « Perfidia » fait 840 pages. En Allemagne, 965 pages.

Le prochain, c’est pour quand ? Deux ans. Mes documental­istes font le travail de défrichage, et moi j’écris aussi vite que je peux. Je me mets au travail le matin, j’arrête le soir, je vais aboyer à la lune avec le chien, puis je recommence. Il ne me reste plus tellement de temps, putain. Et quels sont les trois livres que vous emporterie­z sur une île déserte ? « Le Comte de Monte-Cristo », « Tant qu’il y aura des hommes » et « Comme un torrent », de James Jones. Parce qu’ils sont longs.

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