L'Obs

La bataille perdue d’Anish Kapoor

JUSQU’AU 1ER NOVEMBRE, RENS. : CHATEAUVER­SAILLES.FR

- BERNARD GÉNIÈS

Pourquoi tant de fureur ? Contrairem­ent à ses prédécesse­urs ayant investi le même site (Je Koons, Takashi Murakami, entre autres), l’artiste britanniqu­e n’a pas sorti le grand jeu. Il ne présente en e et que six installati­ons, donc cinq placées dans les jardins du domaine et une dernière dans la salle du Jeu de Paume. Ce dispositif permet de découvrir l’ensemble de ces oeuvres sans bourse délier (sauf lors des journées des Grandes Eaux musicales et des Jardins musicaux). Celle qui suscite les plus fortes polémiques (rebaptisée « Vagin de la reine », elle s’intitule en fait « Dirty Corner ») n’attire guère, comme nous avons pu le constater, la curiosité des visiteurs. Cette « corne d’abondance » (photo ci-contre), longue de 60 mètres et à demi enterrée sous des blocs de béton rose et de granit, est plantée sur la pelouse de la grande perspectiv­e. Contrairem­ent à la version qui en avait été montrée à Milan, les curieux ne peuvent pas pénétrer dans ce conduit. Kapoor a rme que cette pièce chaotique est là pour bousculer l’ordre des jardins conçus par Le Nôtre. Une bousculade somme toute modeste. A l’évidence, les promeneurs préfèrent photograph­ier « C-Curve » et « Sky Mirror », deux grands miroirs placés devant la terrasse du château. Sur la pelouse du char d’Apollon, « Descension » (un bassin avec un tourbillon d’eau) semble perdu, tout comme, dans la salle du Jeu de Paume, « Shooting into the Corner », amas de blocs de cire rouge tirés par un canon réduit au silence (en 2009, les visiteurs d’une expo de Kapoor à la Royal Academy à Londres pouvaient assister au tir). Les jardins de Versailles paraissent bien grands pour cette exposition. En voulant défier la nature, Kapoor se retrouve pris à son propre piège, tant ses oeuvres semblent ravalées au rang d’accessoire­s.

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