Le mouvement « transhumaniste » croit à la possibilité d’une amélioration sans limites de nos capacités physiques et mentales. Est-ce scientifiquement crédible ?
Ces affirmations relèvent à la fois du fantasme et du calcul marketing. Je ne crois pas du tout aux prédictions de Ray Kurzweil, qui affirme que l’homme pourra, dans quelques décennies, sortir de son enveloppe corporelle fragile et imparfaite, et transférer toutes ses données dans une intelligence artificielle pour atteindre l’immortalité. Cette vision de l’homme 2.0 repose sur un postulat qui me semble inexact, qui est que notre cerveau fonctionnerait comme un ordinateur ! C’est une vision simpliste d’ingénieur, par opposition à l’approche plus modeste du biologiste ou du médecin. Et que penser du concept de « singularité » popularisé par Kurzweil, ce moment où l’intelligence artificielle des machines est censée devenir supérieure à celle de l’homme ? Un mirage. L’idée même que l’intelligence humaine puisse se mesurer de manière unidimensionnelle est très réductrice. C’est peut-être vrai de certaines formes d’intelligence particulières, comme l’intelligence mathématique. Mais c’est oublier le rôle de l’affect, des émotions, qui modifient profondément les myriades d’interactions qui se déroulent, chaque seconde, dans notre cerveau… et dont on ne connaît presque rien. Même la façon dont notre mémoire reconnaît un visage reste un véritable mystère. Il s’agirait d’une stratégie marketing, menée par quelques businessmen américains pour dominer de nouveaux marchés ? Ces gens sont très intelligents. Certains sont peut-être dupes de leur foi absolue en la science et de leur propre discours prométhéen. Mais il est certain en tout cas que promettre la « mort de la mort » est un