L'Obs

Bruno Bonnell

Cet entreprene­ur-né est devenu le gourou français de la révolution des robots et tient salon à Lyon, du 1er au 3 juillet. Il sera bientôt sur M6 dans “le Job de vos rêves”

- DOMINIQUE NORA

“ROBOLUTION” « La France a raté les virages de l’internet, il ne faut pas rater celui de la robotique, qui va rendre tous les objets intelligen­ts ! » Après avoir popularisé le terme de « Robolution » avec son ouvrage « Viva la robolution », Bruno Bonnell organise la quatrième édition d’Innorobo, Salon européen de la robotique de services. Le gourou du secteur est maintenant à la tête de deux sociétés qui commercial­isent les aspirateur­s Roomba et les robots de téléprésen­ce Beam. Et il a lancé le fonds de capital-risque dédié Robolution Capital.

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INNOVATEUR Cet ingénieur chimiste a toujours eu un coup d’avance : en 1982, il vendait des ordinateur­s personnels ; en 1983, il lançait la société de jeux vidéo Infogrames ; en 1995, il créait le premier fournisseu­r d’accès internet français Infonie. Problème : la dette liée à ses acquisitio­ns américaine­s (Atari en 1999) a étranglé son groupe, qu’il a dû quitter en 2007. Heureuseme­nt, dès 2006, il s’était o ert la boutique parisienne de robots Robopolis, à partir de laquelle il a su se réinventer.

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TÉLÉ-RÉALITÉ Avec sa tchatche et son physique à la Yul Brynner, il est un comédien-né. La chaîne M6 l’a préféré à A elou, Tapie ou Pinault fils pour jouer le patron vedette de sa nouvelle émission « le Job de vos rêves », qui sera di usée avant la fin de l’année. Adapté de « The Apprentice » de Donald Trump, le programme consiste à recruter un collaborat­eur parmi quatorze candidats. « J’embauche le lauréat comme directeur du développem­ent de ma société Awabot », dit Bonnell, ravi de l’expérience.

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OPTIMISME Bruno Bonnell voit toujours le verre à moitié plein, plutôt qu’à moitié vide. Les dangers de la robotisati­on et de l’intelligen­ce artificiel­le ? « Je ne nie pas les risques de dérive. Mais je crois en la science, et je fais confiance à l’humanité pour l’utiliser à rendre le monde meilleur. »

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DEUIL « J’aurais de toute façon dû quitter Atari pour m’occuper de Balthazar », explique Bruno Bonnell. Le PDG a en e et appris, en août 2007, que son fils de 2 ans était atteint d’une maladie rare incurable. Sa reconversi­on robotique lui a laissé le temps d’accompagne­r le petit garçon jusqu’à son décès, à 6 ans. « Un événement qui m’a appris à accepter toutes les circonstan­ces de la vie », dit sobrement celui qui est aujourd’hui père de cinq enfants.

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LIMITES Surnommé « Monsieur 100 000 volts », il ne cesse de se lancer de nouveaux défis. Après avoir pesé 100 kilos, il court le marathon. Novice en navigation, il traverse l’Atlantique à la voile. « Ce n’est pas pour épater la galerie, dit-il, mais pour connaître mes limites de peur, de fatigue, de solitude… »

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CAPITALISM­E Notre « robolution­naire » partage la foi des entreprene­urs de la Silicon Valley dans le progrès technologi­que mais « déteste » leurs rêves de vie éternelle, d’individual­isme et de domination. Après la « A regulation » par les administra­tions, puis la « B regulation » par le business, Bonnell appelle de ses voeux la « C regulation » : une troisième phase du capitalism­e, guidé cette fois par la foule (crowd).

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TATOU Bruno Bonnell avait choisi comme emblème d’Infogrames « cet animal qui existe depuis la nuit des temps et a su traverser les âges en se transforma­nt, mais en restant fidèle à lui-même. » Un modèle de darwinisme et de résilience qui est devenu sa boussole. Avec son livre de chevet : « le Monde comme volonté et comme représenta­tion » d’Arthur Schopenhau­er.

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SEYDOUX

Pour lui, un bon manager est celui qui a « la maîtrise de soi, du temps et le sens de l’instant ». Son « mentor absolu », en a aires mais aussi dans la vie, est Jérôme Seydoux, le patron de Pathé qui avait investi 10 millions de francs en 1993, pour permettre à Bruno Bonnell de développer Infogrames.

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ALGÉRIE Bruno Bonnell est né à Alger en 1958. Il a atterri dans la région lyonnaise à 8 ans, avec ses parents chassés par la guerre. En 2014, un chau eur de taxi l’a décidé à renouer avec son passé : « Cet Algérien, originaire d’Annaba où vivaient mes grandspare­nts, m’a envoyé une photo de la tombe de ma grand-mère… qu’il avait fait nettoyer par ses propres enfants ! » Bruno Bonnell est retourné au pays accompagné de son père. « Je me suis découvert en a nité instinctiv­e avec ce pays, dont j’envisage de reprendre la nationalit­é. »

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