De sommets de la dernière chance en ultimatums, la crise entre l’Union européenne et la Grèce ne fait que s’aggraver. A qui la faute ?
Ce n’est un secret pour personne que l’économie grecque a été mal gérée depuis longtemps. Les Grecs ont vécu au-dessus de leurs moyens grâce à la manne communautaire, c’est-à-dire en consommant beaucoup, en épargnant insu samment, en investissant trop peu, et en ne modernisant ni leur économie ni leur système politique. Certes, les Grecs ont inventé la dramaturgie, mais dépeindre cette négociation comme un combat entre des créanciers avides et un peuple grec qui n’en peut mais, comme le fait Tsipras, est tout à fait excessif. Il ferait mieux de s’en prendre à ses prédécesseurs.
Pour autant, l’Europe aussi a une part de responsabilité. D’abord, elle n’a pas correctement surveillé, dans la durée, l’économie grecque. La Commission a ajouté une deuxième erreur quand elle s’est privée, au moment de la création de l’euro, de la possibilité de recourir à une équipe de crise, de pompiers mobilisables en cas de défaut d’un Etat. Résultat : il a fallu importer une expertise qui n’existait plus qu’au FMI. C’était une erreur politique car la présence du FMI dans la négociation introduit un biais, sa directrice générale devant aussi rendre des comptes aux Américains, aux Chinois ou aux Indiens qui n’ont pas vis-à-vis de la Grèce le degré de sensibilité des Européens. Enfin, les institutions communautaires ont négligé le fait qu’à mon sens l’essentiel du problème grec n’est pas financier ou budgétaire, mais économique. L’administration et la justice sont dans un état déliquescent, la corruption continue à sévir. Au lieu d’envoyer le FMI, la Banque centrale et la Commission, on aurait dû envoyer la Banque mondiale et