L'Obs

Les a aires (Valls, Bygmalion, Cahuzac…) expliquent-elles à elles seules le discrédit de la politique, qui atteint des sommets, à en juger par les sondages et par l’abstention aux élections ?

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Frédéric Mion Il faut d’abord souligner que ce discrédit n’est pas spécifique­ment français. Ce qui singularis­e notre pays, c’est son profond pessimisme. Chez nous, la règle commune a longtemps été incarnée par un Etat puissant. Le contexte économique a fragilisé ce modèle. Mais ni les responsabl­es politiques ni les élites n’ont adapté leur discours à ce nouveau contexte. La vérité, même si c’est un peu provocateu­r, c’est qu’ils auraient dû avoir le courage de battre eux-mêmes en brèche le mythe de leur omnipotenc­e. Ce n’est peut-être pas la meilleure manière d’être élu… Vous leur demandez de se faire hara-kiri ! F. Mion On ne peut plus promettre la lune sans risquer de dévaluer la parole politique. C’est ce à quoi nous assistons parfois. Julien Vaulpré Oui, les candidats à la présidenti­elle ont trop longtemps confondu volonté politique et carnet de chèques. Il faut retrouver des zones de puissance sans dépense publique supplément­aire. Il faut donc développer un état d’esprit pionnier, au sens de Tocquevill­e : quitter son confort, braver la solitude, entreprend­re et non contempler les vestiges du Vieux Continent.

Les Français s’intéressen­t toujours à la politique, mais la manière dont elle est pratiquée les en éloigne. L’érosion sans fin de la confiance envers les politiques est LA question des sociétés contempora­ines.

Plusieurs raisons à cela : un, le sentiment des citoyens d’avoir perdu toute proximité avec leurs gouvernant­s dans une société majoritair­ement urbaine ; deux, une société du risque où le progrès technique est désormais synonyme de catastroph­e et d’incertitud­es ; trois, un monde économique ouvert, régi par des interactio­ns complexes avec, de surcroît, une crise économique devenue permanente depuis quarante ans. Entre l’Europe, la décentrali­sation et la mondialisa­tion, leur pouvoir a diminué de fait. Ils sont pris en tenaille entre le mythe d’un Etat puissant, nourri par

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