L'Obs

Lars Eidinger, vous êtes désormais un habitué d’Avignon…

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Lars Eidinger Oui. Au tout début, j’y suis venu pour un petit rôle dans « la Mort de Danton », de Büchner. Ma première participat­ion à un spectacle d’Ostermeier. Après quoi il y a eu « Nora. Maison de poupée », d’Ibsen, « Woyzeck », de Büchner, et, en 2008, « Hamlet » dans la Cour d’Honneur. Je regrette de jouer en salle fermée cette année. Du temps de Shakespear­e, on pouvait voir les étoiles au Théâtre du Globe. L’atmosphère de kermesse qu’engendre le Festival ne vous pèse pas trop ? L. E. Je n’en ai pas peur. C’est au contraire un vrai plaisir, cette espèce de Disneyland entouré de remparts. Quand on y est, on a l’impression que c’est le centre du monde. Le comédien et le spectateur dialoguent bien. Je ne parle pas des rencontres qu’on peut faire dans la rue, mais de ce qui s’échange entre la salle et la scène pendant la représenta­tion. On sousestime l’influence du spectateur sur le comédien. Votre compagnonn­age avec Ostermeier remonte à longtemps. Vous ne craignez pas de ronronner ? L. E. Oh, si ! J’ai très peur que nous cessions un jour de nous inspirer mutuelleme­nt. Mais je peux vous garantir qu’avec « Richard » c’est le contraire. C’est même le début de quelque chose de nouveau. Vous, Philippe Girard, vous êtes un pilier de la troupe d’Olivier Py… Philippe Girard J’ai joué avec lui pour la première fois à 23 ans et j’en aurai bientôt 57. J’ai participé à tous ses spectacles, excepté « les Vainqueurs » et ses pièces pour enfants. Quant à Avignon, ce n’est pas une découverte, pour moi. C’est même la cinquième fois que je joue dans la Cour d’Honneur. Il y a eu « Lucrèce Borgia », d’Hugo, et « le Soulier de satin », de Claudel, sous la direction d’Antoine Vitez. Puis deux textes d’Olivier Py, « le Visage d’Orphée » et « l’Enigme Vilar ». Et maintenant Lear…

Vous vous plaisez à Avignon ? Ph. G. Pas toujours. La foule me fait peur. Je suis d’un naturel timide, solitaire, renfermé. J’ai tendance à raser les murs. C’est pourquoi, quand j’ai joué Orlando, l’été dernier, j’ai apprécié d’être protégé par l’enceinte de la FabricA plutôt que d’être jeté dans les rues d’Avignon. Cela dit, la rencontre d’individu à individu y est plutôt agréable et bon enfant.

Aimez-vous le public français, Lars Eidinger ? L. E. Beaucoup. Les Allemands vont au théâtre comme au cirque : pour voir l’artiste tomber du trapèze. Les Français sont des spectateur­s plus bienveilla­nts, plus actifs. Je ne dis pas ça par flagorneri­e,

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