Thriller en montagne
PAR CLAIRE FULLER, TRADUIT DE L’ANGLAIS PAR MATHILDE BACH, STOCK, 327 P., 20 EUROS.
Peggy vit à Londres. Ute, sa mère, d’origine allemande, est pianiste concertiste. Son père, James, est un original, membre d’une confrérie de survivalistes qui consacrent le temps de leurs réunions à étudier les moyens de se prémunir des catastrophes qui menacent la Terre. Elle a 8 ans quand son père décide, pour la distraire de l’absence d’Ute, partie en tournée, de l’emmener en vacances en Allemagne, dans une cabane perdue dans la montagne. Au bout de quelques semaines, après une violente tempête, son père lui annonce que « le reste du monde a disparu » et qu’ils sont les seuls rescapés. Neuf ans plus tard, Peggy est de retour à Londres, sans son père, et retrouve sa mère et son frère qui est né pendant son absence. Que s’est-il passé pendant toutes ces années ? Comment est-elle revenue ? Construit en flash-back, le premier roman de Claire Fuller, qui oscille entre la robinsonnade idyllique et le thriller psychologique, maintient une tension infernale jusqu’à la dernière phrase.
Comme le temps a passé depuis que le plus célèbre kiosquier de Loire-Atlantique recevait, avec la tête du poussin qui vient d’éclore, le prix Goncourt pour son premier roman, « les Champs d’honneur » ! C’était en 1990, et Jean Rouaud n’a cessé de s’interroger, depuis, sur sa carrière de guitariste amateur, de journaliste occasionnel et de mémorialiste o ciel des bruines nantaises et des combats de la Grande Guerre. Dans ce quatrième opus de « la Vie poétique », aussi touchant et juste que les précédents, l’écrivain raconte son apprentissage. Comme dans un film de Sautet, on replonge avec bonheur dans les années 1970, lorsque Rouaud tentait une incursion, en tenue de camouflage, dans les salles de rédaction de « Presse Océan » et de « l’Eclair de Nantes ». La contre-o ensive serait brutale, avec son renvoi, quelques mois plus tard, par Robert Hersant. Une nouvelle vie s’annonçait : celle de Rouaud écrivain, dont aucun patron de presse autoritaire ne pourrait jamais museler le style merveilleusement libre et inspiré.