Les “grandes oreilles” de Hollande
Révélations sur un vaste plan de la DGSE pour intercepter les communications internationales passant par les câbles sousmarins : lancé en secret par Nicolas Sarkozy, il vient d’être légalisé par François Hollande en toute discrétion
C’est un plan classé « très secret », exposé ici pour la première fois. Un projet de la Direction générale de la Sécurité extérieure (DGSE) autorisé par Nicolas Sarkozy il y a sept ans et poursuivi sous François Hollande, qui explique leur surprenante modération après la révélation de leur mise sur écoute par la NSA. Une vaste entreprise française d’espionnage que la loi sur le renseignement, adoptée le 24 juin, vient de légaliser en catimini.
Cette histoire de l’ombre, « l’Obs » a pu la reconstituer grâce aux témoignages anonymes de plusieurs responsables actuels et passés. Il y est question de stations clandestines installées par la DGSE sur les côtes françaises pour « écouter » les câbles sous-marins, de la complicité de grandes entreprises hexagonales, des accords secrets entre le service français et ses homologues anglo-saxons et de l’indigence du contrôle parlementaire… L’affaire commence début janvier 2008, dans le bureau du chef de l’Etat, à l’Elysée. Nicolas Sarkozy a réuni le Premier ministre, François Fillon, le patron de la DGSE, Pierre Brochand, et quelques collaborateurs. Au menu : l’avenir des services spéciaux français. Leur problème ? Ils sont devenus (presque) sourds. Ils ont de plus en plus de mal à écouter les communications mondiales. Pendant les années 1980 et 1990, la DGSE a massivement investi dans des systèmes d’interception satellitaires. Une demi-douzaine de bases dotées d’immenses antennes paraboliques ont été discrètement installées en France continentale et dans les DOM-TOM. Seulement voilà : désormais, 90% des échanges mondiaux ne passent plus par des satellites mais par des