“Google n’a pas remplacé Hollywood”
Trois questions à Joseph Nye*
Le terme de soft power (« puissance douce »), que vous avez inventé, peut-il aujourd’hui s’appliquer à Google ? Le soft power est le pouvoir d’attraction. La marque Google et la qualité de ses produits attirent des centaines de millions de personnes. Si le groupe abuse de sa puissance de marché, cela peut avoir un effet repoussoir et amoindrir son soft power. Mais, pour l’instant, ce n’est pas le cas. Cette stratégie peut-elle aider Google à combattre le risque que fait courir à son image l’accumulation des dossiers contentieux à Bruxelles ? Si ses produits et sa performance restent forts, cela peut aider le groupe à repousser ces critiques, mais pas complètement. A terme, le comportement doit être en cohérence avec la réputation. Barack Obama a déclaré que les attaques européennes contre Google tenaient du protectionnisme. Google, Facebook et Amazon ont-ils remplacé Hollywood comme instruments du soft power américain ? Il existe peut-être des éléments de protectionnisme dans certaines critiques européennes de Google, mais le résultat dépendra de la solidité des dossiers présentés par la Commission européenne. Rappelons-nous les exagérations concernant le pouvoir de Microsoft, il y a quinze ans… Les industries technologiques sont volatiles. Je ne pense pas qu’en matière de soft power ces sociétés aient remplacé Hollywood. (*) Professeur à la Kennedy School of Government de Harvard.