Sept vignobles de rêve
Pour faire le tour d’Europe en découvrant des joyaux de la nature et des vignobles d’exception
Les nectars des Cinque Terre
Cinq villages à flanc de mer turquoise, des dizaines de criques, des centaines de murs de pierres sèches qui délimitent les champs de ceps centenaires. La pêche et la vigne animent cette carte postale ultracolorée du coeur de la Ligurie, un domaine classé au patrimoine mondial de l’Unesco. A une heure de train de Gênes, à quatre heures de voiture de Marseille, la vigne pousse ici en abondance, surtout autour du village de Manarola. Jadis, les vendanges se faisaient en barque, par la mer. L’assemblage de bosco, d’albarola et de vermentino (comme en Corse) produit un blanc sans lourdeur, au goût de miel, d’amande et de citron, jamais sec ni tout à fait doux. Le plus rare est le sciacchetrà, un blanc liquoreux issu de raisins passerillés. Pas un grand cru, juste un savoureux blanc paysan qui émoustille les salades aux fameux anchois au sel de la mer Ligure (acciughe sotto sale del Mar Ligure).
Les vignerons de Pantelleria
Depuis cette île volcanique de 83 km2, l’une des plus vastes du canal de Sicile, on distingue les côtes de la Tunisie par temps clair. Cette frontière méditerranéenne de l’Europe ne connaît pas encore la vague de migrants qui asphyxie sa soeur Lampedusa. Elle reste célèbre pour ses câpres, ses vins et ses stars en mode vigneron, comme Carole Bouquet. Mais aussi pour son moscato passito qui raconte la légende de l’ambroisie. Un doux nectar parfumé qui fut une monnaie d’échange antique précieuse. A Pantelleria, il est obtenu par le pressurage de muscat d’Alexandrie (qui répond ici au doux nom de zibibbo) desséché. Jadis flétri au soleil, à même le sol anthracite au pied des ceps, le raisin sèche aujourd’hui dans un milieu aéré, qui recrée l’omniprésence du vent insulaire. Une quintessence de roche et de miel à l’ombre d’un voile d’iode.
Les cépages de l’Etna
La Sicile a plus de vignobles (plantés au trois-quarts de raisin blanc) que n’importe quelle autre région d’Italie. Une grande partie des vins est produite par des coopératives, mais de plus en plus de micro domaines privés recréent des vins aux caractères confirmés et à l’identité typiquement sicilienne. Les vignes montent sur les collines, entre 800 et 1 000 mètres, pour gagner en équilibre. L’amplitude thermique marquée donne aux grands vins de l’Etna leur fraîcheur originale. La Vigna Bosco (domaine I Vigneri) est une des plus hautes vignes d’Europe, à 1 300 mètres d’altitude. Si de remarquables terroirs se situent au sud-est de l’Etna, c’est dans la vallée de l’Alcantara, au nord du volcan, que se trouvent les meilleurs rouges issus de nerello mascalese. Oubliée l’habituelle pesanteur des rouges solaires ! Ce cépage donne une délicatesse et une élévation toute bourguignonne au jus de Sicile.
Entre les deux joyaux de l’Adriatique, Split et Dubrovnik, cette incroyable côte de dentelle de roches et ses milliers d’îles possèdent un patrimoine viticole unique, encore inconnu en France. Le pays ne compte pas moins d’une soixantaine de cépages autochtones. La vraie révolution des vignobles européens du
e siècle se passe ici. Beaucoup de coopératives, dont la très bonne cave Jako Vino sur l’île de Brač où les vignes sont accrochées aux coteaux vertigineux qui plongent dans la mer. Sur l’île d’Hvar, très courue par les milliardaires et leurs yachts, direction le village de Jelsa, où est installée une nouvelle génération de vignerons qui révèlent le potentiel énorme des cépages du lieu, comme le plavac mali (superbes rouges), le babič ou le pošip.