Le spécialiste des provocations
C’est sans doute l’une des raisons de sa popularité : à Bercy, Emmanuel Macron a multiplié les provocations. Et tant pis pour la cohérence gouvernementale… En août 2015, devant le Medef, il s’en prend aux 35 heures : « La gauche a cru que la France pouvait aller mieux en travaillant moins, c’était des fausses idées. » Le mois suivant, il critique le statut des fonctionnaires, « pas adéquat ». « Le libéralisme est une valeur de gauche », ajoute-t-il. Janvier 2016, à Davos, nouvelle formule : la vie d’un entrepreneur est « souvent plus dure que celle d’un salarié ». Puis au printemps, le ministre dit son opposition à l’Impôt sur la fortune (ISF). Manuel Valls s’agace : « Supprimer cet impôt serait une faute. » Martine Aubry s’énerve : « Macron ? Ras le bol ! » Michel Sapin résume : « Macron, c’est beaucoup de buzz… » Une étape supplémentaire est franchie en avril 2016 avec le lancement de son mouvement, En marche !. Emmanuel Macron affiche désormais ouvertement son ambition présidentielle. Il ne se prive plus de critiquer François Hollande. « Nous avons décidé d’arrêter une partie des réformes », regrette le ministre depuis Londres, au moment où la loi travail est édulcorée d’une partie de ses articles. Deux jours avant la traditionnelle interview du 14-Juillet, la dernière pour Hollande, le ministre s’autorise à tenir meeting à la Mutualité. « Ce mouvement, parce que c’est le mouvement de l’espoir, nous le porterons jusqu’en 2017 et jusqu’à la victoire ! » « Imaginez où nous serons dans trois mois, dans six mois, dans un an ! » Emmanuel Macron n’a plus de limites. Hollande le menace : « Respecter les règles, c’est rester au gouvernement, ne pas les respecter, c’est ne pas y rester. » Pas de trêve durant la période estivale. Dans « Paris Match », Emmanuel Macron assume sa « divergence stratégique » et fustige l’« épuisement de notre système politique ». La rupture ne saurait tarder. Elle survient à la fin du mois d’août. Adieu, Bercy. Objectif : l’Elysée.