L'Obs

STAGES DE PRÉRENTRÉE, UTILES ?

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Un lundi matin d’août, lycée privé Sévigné, dans le 5e arrondisse­ment de Paris. Bermudas, robes légères, cheveux en bataille, des adolescent­s aux mines bronzées, mais pas bien réveillées. Elèves de la seconde à la classe prépa, ils participen­t à un stage de rentrée organisé par le Groupe Réussite-Objectif Prépas, nouvel acteur sur le marché des cours particulie­rs. La moitié d’entre eux vient du public. « La principale motivation de ces jeunes, c’est de ne pas perdre de temps à la rentrée et de se rassurer sur leurs capacités, explique Aghilas Hached, l’un des fondateurs de la société, qui loue les locaux du lycée privé pour l’occasion. Certains viennent de lycées prestigieu­x parisiens, d’autres d’établissem­ents populaires de Seine-Saint-Denis. » Les cours dispensés : maths, évidemment, mais aussi sciences physiques, français, économie, philosophi­e… Ismaïl, 15 ans, futur élève de seconde, a fait ses années collège sans problème dans un établissem­ent public de Jouy-le-Moutier (Val-d’Oise) : « Mes parents veulent le top pour moi, c’est normal, je ferai pareil avec mes enfants. Ce stage va me permettre de bien redémarrer l’année, avec de bonnes notes. C’est très important, les premières notes de l’année, c’est grâce à elles que le prof se fait son avis. » Selim, 18 ans, s’apprête à intégrer une classe prépa scientifiq­ue au Raincy après un bac décroché facilement dans un lycée public de Seine-SaintDenis. Il a déjà fait plusieurs stages dans l’année, c’est lui qui a décidé de les suivre : « La pression, je me la mets tout seul. Dans mon lycée de banlieue, les profs ne sont pas très ambitieux pour nous, ils se disent qu’on fera des petits métiers. Mais moi, j’espère aller à Polytechni­que, Centrale, ou à l’ENS. » Thya, elle, 19 ans, s’apprête à entrer en 2e année de prépa scientifiq­ue au lycée Jacques-Decour après avoir fait sa scolarité à Janson-de-Sailly, son établissem­ent de secteur, à Paris : « Quand j’étais au collège, il est arrivé que mon père me gronde pour un 14 parce qu’il pensait que j’aurais pu avoir mieux. Et puis, il me dit tout le temps “Il n’y a que les meilleurs qui réussissen­t.” Mes parents misent tout sur moi, peut-être parce que je suis fille unique, mais je ne suis pas certaine que ce soit utile de mettre la pression sur son enfant quand il a déjà des bonnes notes. » Ce stage de rentrée, elle dit que c’est elle qui a décidé de le suivre. Après une scolarité fluide pendant tout le secondaire, elle a « un peu souffert » en première année de prépa : « Surtout en maths, du coup, j’ai déjà suivi un premier stage pendant les vacances de Pâques, pour me remettre au niveau, et ça m’a beaucoup aidée. En fait, je suis ici pour me rassurer. » A 500 euros la semaine. S. C.

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Thya, 19 ans, en prépa scientifiq­ue au lycée Jacques-Decour à Paris.

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