L'Obs

Pourquoi lui ? Julien Catala, responsabl­e de la programmat­ion du Pitchfork Music Festival

Programmat­eur du Pitchfork Music Festival, ce trentenair­e à la tête de l’agence Super! réunit du 27 au 29 octobre la crème de la musique pop à Paris. C’est grâce à lui que Bon Iver et Su an Stevens sont devenus des rois en France —

- Par ARNAUD SAGNARD

QUI EST IL ?

S’il est entendu qu’on peut faire fortune en programman­t des lignes de code informatiq­ue, ce garçon discret et posé préfère depuis vingt ans programmer des groupes de musique. Aujourd’hui, Julien Catala est à la tête du Pitchfork Music Festival, rassemblem­ent annuel de ce qui se fait de mieux en matière de musique pop. Cette année, on ira ainsi volontiers écouter à la Grande Halle de la Villette et dans un chapelet de salles parisienne­s la star britanniqu­e M.I.A. les expériment­ations de DJ Shadow, l’électro norvégienn­e de Todd Terje, ou les chansons de Flavien Berger. Avec son agence Super!, il est devenu le correspond­ant français de Pitchfork, la bible de la pop music mondiale. Depuis 1995, ce site internet de Chicago distribue bons et mauvais points, créant une bonne partie des tendances musicales.

D’OÙ VIENT IL ?

Julien n’était pas sérieux quand il avait 17 ans. Au lieu de mettre en bouteilles des grands crus, ce jeune homme de Gevrey-Chambertin en faisait venir dans les salles dijonnaise­s. Les guitares saturées de Sonic Youth et de Supergrass ont ainsi hurlé dans la capitale des ducs de Bourgogne grâce à cet adolescent fan de rock indé. Le Café de la Danse lui propose alors d’assurer sa programmat­ion à Paris. Très vite, il crée sa structure, Super !, et représente en France des artistes tels que Su an Stevens et Bon Iver. Les Américains le repèrent, tandis que lui observe leur scène musicale : « Tous les six mois, je disais par e-mail à Chris Kaskie, le directeur de Pitchfork, que j’aimerais collaborer avec lui, raconte Julien dans les locaux du Trabendo, dont il assure également la programmat­ion. J’ai fini par le rencontrer lors du festival Primavera. On est devenus copains et il m’a demandé d’organiser leur festival européen. » C’est ainsi que le lecteur des « Inrocks » a créé le premier concurrent du festival lancé par l’hebdomadai­re français.

QUE FAIT IL ?

Julien met aussi ses oreilles, capables de dénicher Animal Collective avant tout le monde, au service de marques comme Red Bull ou Chanel. « J’écoute tout! », assure-t-il, pour trouver de nouveaux talents sur les blogs, sur le site du magazine « The Fader » ou au festival SXSW d’Austin (Texas). C’est ainsi que Super!, qui organise 1000 concerts par an, est un des derniers indépendan­ts face à Live Nation, société américaine de 6 500 salariés : « Il y aura toujours de la place pour les petites structures, car on prend le temps de travailler sur le long terme, de faire sur mesure. Les Américains adorent ça, ils nous trouvent stylés. » Petit à petit, Julien Catala a érigé un poste d’observatio­n idéal de l’industrie musicale : « Les marques ne veulent plus être de simples partenaire­s d’événements, elles créent les leurs pour se forger une identité ». Pour lui, c’est déjà fait.

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