Un témoignage accable Lauvergeon
Dans l’enquête sur Areva, la défense d’Anne Lauvergeon vient de subir un sérieux revers. Voilà des mois que Renaud Van Ruymbeke et deux autres juges du pôle financier enquêtent sur les comptes présentés par le groupe nucléaire de 2007 à 2010. Avec une question : pourquoi la direction a-telle attendu si longtemps pour reconnaître que l’acquisition d’Uramin et de ses mines d’uranium en Afrique, pour 1,8 milliard d’euros, en 2007, s’était révélée un désastre ? Pour la première fois, un ancien haut dirigeant d’Areva vient de leur apporter une réponse tranchée : parce qu’Anne Lauvergeon « y était opposée ». Entendu par les juges pendant deux jours, les 20 et 21 septembre, Alain-Pierre Raynaud, directeur financier du groupe de 2006 à 2011 a donné les détails d’une réunion qui s’est tenue le 11 mai 2010 en présence d’Anne Lauvergeon afin de prévenir les actionnaires des difficultés rencontrées avec Uramin. Problème : le communiqué de presse soumis à la patronne d’Areva le 17 mai n’a jamais été diffusé. « Anne Lauvergeon ne l’a pas validé », assure Alain-Pierre Raynaud qui, malgré ses nouveaux éléments, est ressorti du bureau des juges avec une mise en examen pour complicité de « diffusion d’informations fausses et trompeuses » et de « présentation et publication de comptes inexacts ». Selon Jean Veil, son avocat, il ne porterait pas « la responsabilité de l’évaluation du risque financier » représenté par Uramin. C’était à Anne Lauvergeon de prendre les bonnes décisions. Invitée sur le plateau de l’émission « Pièces à convictions », le 19 octobre, celle-ci a maintenu ses positions en invoquant l’incohérence des « demandes faites par la Business Unit [division] Mines ». Les juges devraient maintenant entendre René Ricol, ex-commissaire général à l’investissement du gouvernement Fillon qui, en tant que président du comité d’audit d’Areva de 2010 à 2011, pourrait être à son tour mis en examen.