Prévenir, c’est guérir
L’ATTRAPE-RÊVES, PAR CLAUDIA LLOSA, DRAME FRANCO-CANADIEN, AVEC CILIAN MURPHY, JENNIFER CONNELLY, MÉLANIE LAURENT (1H52).
Mélanie Laurent (photo), dont on connaît l’engagement environnemental, n’a pas froid aux yeux. Journaliste et malade (ce n’est pas incompatible), elle parcourt, sans trembler, les étendues glaciales du Grand Nord canadien afin de rencontrer Nana Kunning (Jennifer Connelly), une guérisseuse, tendance chamanique, qui ferait des miracles aux confins du cercle polaire, sous d’énigmatiques structures en bois et des ciels compassionnels. Dans son expédition, elle est accompagnée par un fauconnier ombrageux (Cilian Murphy), que sa mère, au lendemain d’une tragédie, a abandonné vingt ans plus tôt et que, depuis, il n’a plus jamais revue. Sa mère, c’est bien sûr la guérisseuse. On voit qu’on est dans du lourd. La Péruvienne Claudia Llosa (nièce de l’écrivain Mario Vargas Llosa) ne s’en cache d’ailleurs pas : elle dit avoir voulu traiter, dans la neige, les thèmes de la culpabilité, du pardon et de la foi. Et elle le fait sans nuances, abusant des flash-back, des images surexposées, de la musique new age de Michael Brook (« Into the Wild »), de dialogues pleins de maximes et surtout d’une symbolique surnaturelle que chaque plan souligne avec grandiloquence. Plus les étendues sont blanches, plus le scénario est noir – il faut imaginer, à l’écran, un mix de « l’Alchimiste », de Paolo Coelho, et de « Dans les forêts de Sibérie », de Sylvain Tesson. On devrait être ému, et on sourit de tant de maladresses. Même le faucon, là-haut, a l’air paumé.