L'Obs

L’art afro-américain

THE COLOR LINE, JUSQU’AU 15 JANVIER, MUSÉE DU QUAI BRANLYJACQ­UES CHIRAC, PARIS-7E, WWW.QUAIBRANLY.FR. CATALOGUE DE L’EXPOSITION, MUSÉE DU QUAI BRANLY/FLAMMARION, 400 P., 49 EUROS.

- BERNARD GÉNIÈS

A la fin des années 1930, Billie Holiday interpréta­it une chanson nommée « Strange Fruit » évoquant « des corps noirs qui se balancent dans la brise du Sud ». L’auteur de ce titre, Abel Meeropol, s’inspira d’une photograph­ie semblable à celle montrée dans cette exposition du Musée du Quai Branly : on y voit une foule de Blancs réunis comme pour une fête autour d’un arbre où deux Noirs viennent d’être pendus. Ces meurtres furent dénoncés par des écrivains (Langston Hughes, notamment) et des artistes comme Jacob Lawrence ou Charles Alston. En 1961, trois ans avant la promulgati­on du Civil Rights Act (loi condamnant toute forme de discrimina­tion), le peintre Bob Thompson représente à nouveau l’un de ces épisodes avec « The Execution » (photo), preuve que, malgré les mobilisati­ons, cette pratique perdura.

C’est là un des moments forts de « The Color Line », imposante exposition qui rassemble plus de six cents pièces et oeuvres dont bon nombre signées par des artistes africains-américains peu connus ici. Livres, a ches, tableaux, films et extraits de films développen­t des thèmes comme le cinéma des années 1930, le sport, les deux guerres mondiales, la lutte pour les droits civiques. Mais la profusion des documents (pas toujours déchi rables), les silences (pourquoi ignorer le R’n’B et le rap alors que l’on montre des oeuvres de peintres contempora­ins ?), les raccourcis (pourquoi illustrer l’action des Black Panthers par une série de couverture­s de « Life »?) viennent déstabilis­er un projet pourtant passionnan­t. Dommage.

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