Un mur et des expulsions massives
àen croire Donald Trump, le problème serait que « les Mexicains viennent avec de la drogue, ils amènent de la criminalité, ce sont des violeurs ». Mais il a trouvé la solution : expulser 3 millions des 11 millions d’immigrés clandestins installés sur le sol américain, qui sont en majorité mexicains, et construire un mur de 1 600 kilomètres et de 10 à 12 mètres de haut le long de la frontière mexicaine pour stopper définitivement les « mouvements illégaux de personnes, la drogue et les armes ». Un mur que le magnat de l’immobilier rêve « impénétrable », « grand », « beau », « puissant ».
En réalité, cette grande muraille existe déjà en partie. George W. Bush avait fait voter en octobre 2006 le Secure Fence Act, qui prévoyait la construction de 1100 kilomètres de clôture à la frontière mexicaine. Avec son mur, Trump ne fait que compléter la barrière existante. En principe, rien ne l’en empêche donc, si ce n’est le coût. Le « Washington Post » avance le chiffre de 25 milliards de dollars plutôt que les 8 à 10 milliards annoncés par Trump. Car construire dans des zones reculées et sur des terrains privés qu’il va falloir acheter risque de coûter un peu plus cher que prévu… Mais ce n’est pas un problème : « Le Mexique paiera pour le mur, croyez-moi, à 100% », assure-t-il. Et même si le président mexicain Enrique Peña Nieto refuse catégoriquement de mettre la main à la poche, Trump a trouvé le moyen de l’y contraindre en bloquant les flux d’argent envoyés par les immigrants illégaux à leurs familles au Mexique. Mais Trump s’est fait moins bravache le weekend dernier, reconnaissant que son mur ne serait probablement qu’une clôture complétant le dispositif actuel à la frontière. Mexico a cependant de quoi s’inquiéter. Ces mesures, qui s’ajoutent à la promesse d’abroger l’Accord de libre-échange nord-américain et d’imposer des frais de douane aux exportations en provenance du Mexique, risquent d’avoir des conséquences catastrophiques pour son économie.
L’expulsion en masse d’immigrés clandestins reste la priorité du nouveau président et semble, elle aussi, compliquée à mettre en oeuvre. Après avoir promis de renvoyer au Mexique tous les clandestins, il a revu ses ambitions à la baisse et indiqué qu’il se concentrerait sur les « criminels ». Pour lutter contre l’immigration illégale, il compte aussi sur l’annulation des décrets de régularisation temporaire signés par Obama et sur la remise en question du droit du sol, qui permet à ceux qui sont nés aux Etats-Unis d’obtenir la nationalité américaine. Toutefois, cette seconde mesure paraît périlleuse puisqu’elle nécessite de toucher à la Constitution américaine.