Le président des “pro-vie”
l e droit à l’avortement, sujet hautement inflammable aux Etats-Unis, fut l’un des thèmes de campagne du candidat Trump. Auprès des leaders de la droite religieuse « pro-vie » américaine, il s’est engagé à interdire l’avortement, ou tout du moins à en limiter sévèrement la possibilité. Dès sa première interview de président élu, Trump a réaffirmé sa volonté de réviser la loi générale sur le sujet et, dans l’immédiat, de restreindre les possibilités d’une interruption volontaire de grossesse « seulement en cas de viol, d’inceste ou de risque vital engagé pour la mère ». Le pourra-t-il? Elu président des Etats-Unis, celui qui n’a pas hésité à dire il y a quelques mois à peine qu’il fallait punir les femmes ayant recours à l’IVG – avant de se rétracter – va devoir franchir quelques obstacles s’il veut tenir sa parole. D’abord parce que l’avortement est légal depuis 1973 sur l’ensemble du territoire américain : en effet, selon l’arrêt Roe v. Wade rendu par la Cour suprême cette année-là, la justice américaine fédérale considère que le droit d’une femme à l’avortement concerne le droit à la vie privée, protégé par le XIVe amendement.
Ensuite, le 27 juin dernier, les juges de la haute juridiction ont invalidé une loi texane de 2013 visant à restreindre la possibilité d’avorter, notamment en imposant des exigences drastiques aux cliniques pratiquant des IVG. Du coup, ce jugement invalide les restrictions multiples adoptées dans de nombreux Etats fédéraux hostiles à l’avortement, notamment ceux du Sud et du Midwest… depuis qu’une loi de 1992 laisse
les Etats libres de limiter l’accès à l’avortement. Conscient de la complexité du sujet, Donald Trump a pris les devants pendant la campagne, en expliquant qu’il n’hésiterait pas à maintenir et même à élargir la majorité conservatrice au sein de la Cour suprême. « Les juges que je vais nommer seront pro-vie », avait dit Trump lors du dernier débat présidentiel, le 19 octobre.