L’EXCEPTION THIEL
Peter Thiel réconciliera-t-il Donald Trump avec le monde de la technologie ? Multientrepreneur, investisseur et gourou de l’innovation de rupture, l’homme sait flairer les « pépites » avant tout le monde. En cofondant PayPal et en misant le premier sur Facebook, il a accumulé une fortune de 2,7 milliards de dollars.
Pourquoi Thiel a-t-il pris à revers la doxa de la Vallée, en soutenant et finançant Donald Trump (1,25 million de dollars) ? Homosexuel, libertarien et transhumaniste assumé, cet anticonformiste a expliqué devant la convention du parti que le candidat républicain était un « bâtisseur ». Et qu’il était temps de reconstruire une Amérique aujourd’hui en « déclin vertigineux ».
Tenant le courage pour une vertu supérieure au génie, cet admirateur du philosophe René Girard salue le parcours de l’outsider : « Trump est le seul à être honnête sur l’état réel du pays. » Peter Thiel, qui rêve de voitures volantes et de sources d’énergie révolutionnaires, est nostalgique de l’ambition technologique des années 1960, quand l’Amérique envoyait Neil Armstrong sur la Lune. « Aujourd’hui, nos bases nucléaires utilisent encore des disquettes ! » déplore-t-il.
Lui qui a par le passé soutenu les outsiders Ron Paul (2008) et Carly Fiorina (2012) n’a que mépris pour les politiciens traditionnels, qui se contentent de « réarranger les transats sur le pont du “Titanic” ». Ennemi de l’interventionnisme américain, il remplacerait volontiers la loi de Washington par celle de grands monopoles technologiques à la Google, nous confiait-il en mars dernier, affirmant alors qu’il ne s’engagerait politiquement pour personne. « Avec leurs armées, leurs polices, leurs prisons, les responsables politiques exercent la violence, et tuent ! En 2100, on se demandera comment on a pu laisser le pouvoir à ces malades mentaux, le plus souvent “borderline”, psychopathes et sociopathes… » On croyait qu’il parlait de Donald ; il pensait sûrement à Hillary !