Bourgoin, Efira, Kazan et les autres Miss Météo…
Elles font monter le baromètre vers les extrêmes. Les Miss Météo ont beau décliner les menaces de bourrasques sur la Charente-Maritime et les menaces de brouillards matinaux sur le Forez, ce qu’on regarde, c’est le relief de l’île de Sein ou la chute du Bas-Rhin. Désormais, après avoir commenté les caprices du temps, ces dames font carrière au cinéma, grâce à une silhouette avantageuse. Comme Charlotte Le Bon, lasses de réciter le bulletin des nuages, elles dérivent vers le grand (ou le petit) écran.
La pionnière du genre (dans les années 1980), Alexandra Kazan, drôle et sympathique, a joué dans « les Braqueuses » de Jean-Paul Salomé, puis s’est tournée vers les séries, notamment avec « Sous le soleil » et « Section de recherches ». Louise Bourgoin, après un passage dans « Fort Boyard », a tenu le premier rôle de « la Fille de Monaco » d’Anne Fontaine, sur la recommandation de Fabrice Luchini. Sa remplaçante au poste de Miss Météo de Canal+, Pauline Lefèvre, a été sélectionnée par Patrice Leconte pour « Voir la mer » et par Claude Lelouch pour « Salaud, on t’aime ». Solweig Rediger-Lizlow, ex-mannequin, a succédé à Charlotte Le Bon en 2011, puis est partie fâchée, critiquant la chaîne pour son attitude « entre censure permanente et humiliation », avant de tenter sa chance dans « le Monde à ses pieds » de Christian Faure. Quant à Mademoiselle Agnès (Miss Météo 1991), Doria Tillier (2012), Ornella Fleury (2016) ou Raphaëlle Dupire (2014), elles attendent les bons rôles, après quelques essais timides…
C’est la mode – en France. Car, aux Etats-Unis, les Weather Girls ne font pas de cinéma, et sont carrément choisies dans la catégorie bimbo : elles peuvent toutes prendre une douche sans se mouiller les pieds. Jill Nicolini affole les spectateurs de WPIX-TV, Jackie Johnson percute les redneck du Tennessee sur KCBS-TV, Elita Loresca a été classée « America’s Sexiest Newscaster » pour ses prestations lors de l’ouragan Katrina (on ne voit pas le rapport, mais bon), Ariane Brodier a eu droit à un commentaire éloquent en VO (« Yes, oh là là! ») et l’affolante Sugey Abrego met le feu à la pampa du Texas sur Canal 4. Pas une de ces filles n’a percé au cinoche. Certaines sont devenues chanteuses, égéries de mode, fiancées de rappeurs mais aucune n’a été sollicitée pour jouer dans le nouveau Spielberg ou le dernier Jason Bourne. Le métier de Miss Météo, en Amérique, ne mène pas à Hollywood. Chez nous, si.
On se souvient de Louise Bourgoin dans « les Aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec » et surtout dans « Je suis un soldat », puissante évocation des bas-fonds du trafic de chiens : « Si j’avais continué la météo, c’était l’ulcère assuré, dit-elle, malgré un salaire de ministre. » Quant à Virginie Efira, venue de Bruxelles sur l’invitation de M6 pour passer un casting météo, elle aligne aujourd’hui une impressionnante filmographie, depuis « l’Amour, c’est mieux à deux » (2010), jusqu’à « Elle » et « Victoria » (2016), en passant par « Kaamelott » et « Un homme à la hauteur » de Laurent Tirard. Les autres filles se sont diversifiées : Eglantine Eméyé s’est reconvertie dans le théâtre (« Un fil à la patte »), Anne Depétrini a réalisé un film (« Il reste du jambon ? »), Flavie Flament vient de publier « la Consolation », Axelle Laffont a fait un one-woman-show intitulé « HyperSensible », et Cécile Siméone est devenue architecte d’intérieur, mais ne garde de sa période télé que « des bons souvenirs ».
Bref, le job de Miss Météo mène à tout. Surtout au cinéma, qui reste un horizon désirable, ouvert à toutes, filles de Mensa ou bécasses confirmées. Il y en a. Ainsi, Jackie Guerrido, la bomba latina météo de Telemundo au Mexique, envisage de faire une carrière de star. Pour marquer le coup, elle a simplement demandé : « C’est où, le Festival de Cannes, cette année ? »