Pink Floyd, les années cosmiques
PAR PINK FLOYD (WARNER MUSIC).
THE EARLY YEARS 1965-1972,
Alors qu’on a récemment signalé un cochon dans le ciel de Londres planant au-dessus du Victoria and Albert Museum pour annoncer une exposition faramineuse au printemps 2017, alors que le groupe – déchiré à jamais entre Waters et Gilmour – ne produit plus rien d’original depuis longtemps, mais fascine toujours autant, sonne l’heure (de Noël) d’une plongée dans les archives. De l’écume des profondeurs surgit un coffret de sept volumes : vingt-sept disques, sept heures de musique live, plus de quinze heures de vidéo… vingt titres inédits. L’anthologie explore les huit premières années de Pink Floyd, de ses débuts balbutiants (un rhythm’n’blues sous-Stones) jusqu’au temps d’« Obscured by Clouds », BO de « la Vallée », de Barbet Schroeder. Soit les années les plus stupéfiantes du groupe avant le succès colossal de « The Dark Side of the Moon » (725 semaines d’affilée dans le Top 200 américain, record absolu) et les albums grandiloquents. Celles où quatre enfants de l’aprèsguerre, étudiants en archi de Cambridge, fans de blues et de jazz, inventent le rock psychédélique aux côtés du « Sgt. Pepper’s » des Beatles, de « Disraeli Gears » de Cream et du premier Experience de Hendrix. En attendant que le son parfait du groupe serve d’échantillonnage aux chaînes hi-fi et que le bruit du tiroir-caisse en fasse une cible punk, Pink Floyd illumine les soirs underground de la Roundhouse (délires lysergiques bien Barrett et lightshows) et pose avec Soft Machine les bases du rock progressif. Il crée ce son intersidéral, immédiatement reconnaissable : cymbales hypnotiques de Nick Mason, orgues brumeuses de Rick Wright, basse à réaction de Roger Waters et guitare stratosphérique de David Gilmour. Vertiges cosmiques et souffle puissant sur scène que le coffret permet d’explorer de long en large. Les plages expérimentales d’« Interstellar Overdrive » à la BBC (Noël 1968), les cloches acides de « The Murderotic Woman » (été 1968), « A Saucerful of Secrets » au Paradiso d’Amsterdam sous les vapeurs de patchouli et les effluves de cannabis (août 1969), un boeuf avec Frank Zappa au festival d’Amougies (octobre 1969), les échos d’outre-tombe d’« Atom Heart Mother » à Montreux (novembre 1970), ou les pulsations épurées d’« Echoes » (1971). Bon voyage.