Collection particulière
ÉCLECTIQUE. UNE COLLECTION DU XXIE SIÈCLE. JUSQU’AU 2 AVRIL, MUSÉE DU QUAI-BRANLY, PARIS-16E, WWW.QUAIBRANLY.FR.
Tous les collectionneurs le jurent le coeur sur la main : seule la passion les guide. Les plus avisés déterminent des cibles (une période historique, un courant artistique), se livrant alors à une chasse à l’oeuvre. D’autres préfèrent utiliser les services de « conseillers » (pas toujours avisés) qui tentent de jongler entre les valeurs du moment et l’évolution de leurs cotes. Patron de la holding Fimalac, Marc Ladreit de Lacharrière n’appartient à aucune de ces familles. Ce milliardaire est une sorte de chasseur solitaire qui acquiert ses pièces auprès de quelques marchands parisiens, mais aussi dans les salles de ventes. Si les arts africain et océanien constituent le socle de ses domaines de prédilection, on verra aussi dans cette expo du Quai-Branly qu’il pratique ce que l’on appelle le crossover, qui consiste à mêler les pièces traditionnelles aux oeuvres modernes et contemporaines. L’exercice est risqué mais il peut se révéler payant lorsqu’on découvre une peinture de 1970 de Pierre Soulages côtoyant un majestueux bouclier de Papouasie-Nouvelle Guinée. Moins concluante est la présentation d’une « Composition » (1947) de Nicolas de Staël, encadrée par une paire de magnifiques masques cimiers maliens, cependant qu’à deux pas trône une peinture de Peter Halley, évocation criarde de l’univers carcéral. Le coeur de cette collection n’en reste pas moins placé sous le signe de l’Afrique, et de nombreuses pièces sont liées à des rites ou symboles célébrant la fécondité et la maternité. Mais on ne manquera pas d’admirer non plus, dans ce petit défilé d’objets remarquables, un modeste « Tabouret de chef » polynésien. Haut de 20 centimètres, ce magnifique objet, qui témoigne d’une étonnante prouesse d’exécution, semble là pour nous rappeler qu’un pouvoir se doit d’être bien assis.