L’homme sans passé
MAÎTRES DU MONDE, PAR VICTOR COHEN HADRIA, ALBIN MICHEL, 360 P., 20,90 EUROS.
« Les Trois Saisons de la rage », chronique du monde rural sous Napoléon III, avait obtenu quatre prix littéraires. Le nouvel roman de Victor Cohen Hadria se veut à la fois ultracontemporain et tissé de bribes d’un passé recomposé. Le 31 décembre 1999, Elio, un ponte de l’informatique, arrive à Trieste avec son secrétaire. Saisi par l’atmosphère de cette ville mythique, il s’effondre et plonge dans un coma dont il émerge amnésique. Il est alors confié à l’extravagant Dr Zembalone, qui prétend opérer un « labourage » psychique sur ses patients. Dans le luxueux Palazzo du praticien, Elio tente de récupérer les vestiges de son histoire. Il semble être venu à Trieste pour assouvir une vengeance contre un mystérieux Consortium. Mais hélas sa mémoire reste vide et transparente. Il se sent « comme une mouche enfermée sous un verre et incapable d’atteindre les lointains qu’elle contemple ». Le lecteur, lui, évolue comme dans un rêve, au rythme des perpétuelles métamorphoses qui affectent le héros. Il doit patienter jusqu’à l’éblouissant finale pour saisir la clé de ce livre machiavélique, baroque, sous-tendu par une réflexion sur les nouveaux maîtres du monde qui en préparent l’apocalypse.