10 OBJETS DÉCRYPTÉS PAR ARTHUR DREYFUS
L’abécédaire à illustrer
Ce que je reproche à un concept store – même si colette fut pionnier –, c’est d’être une machine à créer de l’uniformité, à transformer, par le prisme de la tendance, le rare en banal. Voici toutefois l’un des seuls objets que j’achèterais volontiers dans ce magasin : vingt-six lettres à dessiner ; chacun à sa manière.
“Head in the Wall” par Mark Jenkins
On ne peut s’empêcher de lire, dans cette sculpture en vitrine proche de l’univers de Maurizio Cattelan, une allégorie de notre visite. Je veux dire : un monde où l’avoir précède l’être. Quant à nous, si l’on ne veut pas finir la tête dans le mur, avant de ranger son ticket de caisse, il conviendra de se rappeler que la vie précède la mort.
Le mini-Polaroid Instax
La vénération du passé confine au grotesque lorsque des hipsters à la pointe de la mode se baladent avec des Walkman ou tentent de réparer leur vieux Nokia 3310. Mais certains retours en arrière sont louables : l’amour ressuscité de l’argentique nous rappelle que chaque image est unique.
Madonna 66
Certaines religions châtièrent les idolâtres : en feuilletant ce livre débile, on comprend presque pourquoi. Pour 100 euros, que nous propose-t-on ? Des Polaroid insignifiants de Madonna encore inconnue, minaudant derrière un rideau. On nous dira que c’est de la pop culture. Je ne vois que l’arnaque.
Le tee-shirt du futur signé Sies Marjan
J’affectionne les vêtements qui ressemblent à des objets du futur. Cette pièce aurait pu nous être offerte par les habitants d’une autre planète. Au contact de son étonnante matière, on se dit qu’il est presque possible de vivre dans la science-fiction. L’étiquette frappée d’un prix supérieur au smic nous le confirme.