L’AMBASSADEUR TRÈS SPÉCIAL DE MARINE LE PEN
Lepéniste de la première heure et compagnon de la présidente du FN, Louis Aliot s’est trouvé un nouveau rôle : représentant de la candidate à l’étranger
Soucieuse d’acquérir une stature à l’international, Marine Le Pen a posé le pied sur le continent africain la semaine dernière. En visite au Tchad, elle a été accueillie par le président Idriss Déby, à Amdjarass, la ville natale de ce dernier, pour un entretien consacré à la coopération et à la lutte contre le terrorisme. L’homme à qui la candidate du FN doit cette séquence réussie n’est autre que son compagnon, Louis Aliot. Vice-président du parti et député européen, il est depuis deux ans son émissaire à l’étranger. « Ma mission est de présenter le FN tel qu’il est, dit-il. J’ai des centres d’intérêt, et elle les utilise. » Son rayon d’action : l’Afrique (où il a des contacts anciens en Côte d’Ivoire, au Mali et au Sénégal), le Pacifique et les Etats-Unis (où l’essentiel reste à bâtir; le mois dernier, il était à Washington et sur la côte Ouest).
Le Pen et Aliot forment, avec leurs enfants respectifs (trois pour elle, deux pour lui), une famille recomposée qu’ils n’exposent presque jamais dans les médias. Ils constituent aussi un solide attelage politique. Elle dans la lumière, lui au second plan. Elle plus impulsive, lui plus rond. « C’est un couple très complémentaire », dit le souverainiste Paul-Marie Coûteaux. Leur seul désaccord officiel s’est produit quand Aliot a voté contre l’exclusion de Jean-Marie Le Pen. Il ne voulait pas être déloyal envers le fondateur du FN, qui avait fait de lui son directeur de cabinet en 1999, poste qu’il quitta dix-huit mois plus tard pour faire sa thèse de droit constitutionnel. Leurs différends restent privés. « Aliot assume les marquages à droite, il est à ce titre plus proche de la ligne de Marion Maréchal-Le Pen [que du ni gauche-ni droite défendu par Florian Philippot, NDLR], explique l’historien spécialiste de l’extrême droite Nicolas Lebourg, mais il peut difficilement tirer contre la ligne politique de sa compagne. » Une position que résume l’avocat, proche des Le Pen, Marcel Ceccaldi : « Louis est le meilleur dénominateur commun au FN. »
« Une partie de moi-même est de l’autre côté de la Méditerranée, même si c’est le Maghreb », raconte le compagnon de Marine Le Pen. Né d’une mère piednoir et d’un père plâtrier ariégeois mobilisé pendant la guerre d’Algérie, il s’est intéressé tôt à la colonisation et à l’immigration. S’inscrivant dans les pas de Pierre Sergent, résistant devenu une figure de l’OAS, puis député frontiste à Perpignan au milieu des années 1980. Au sein du FN, il s’oppose aux racialistes et, en mémoire de son grand-père maternel, juif d’Algérie naturalisé français, pourfend les antisémites. Souvent sous-estimé en raison d’un accent qui roule sur les galets, il en joue, peu avide d’une exposition médiatique maximale. Mais il marche, main dans la main, avec Marine Le Pen : « Je fais ce que je crois être bon pour notre combat. » En cas de victoire de sa candidate, il se retirerait de la vie politique nationale « parce que le peuple n’élit pas un couple ». Ce serait « une mort sociale », dit celui qui s’est construit au sein du parti. Il se verrait bien chargé d’une « mission » pour « résoudre enfin le dossier des harkis et décerner à tous les anciens combattants une Légion d’honneur. Et tant pis si cela fâche l’Algérie ».