L'Obs

En plein dans le mur

Où l’on voit qu’il en est qui s’y jettent à tous les coups

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Banksy, l’artiste de rue, aménage une bâtisse de Bethléem qui borde le mur israélien séparant Israël de la Cisjordani­e. La bâtisse est ainsi devenue le Walled O Hotel, lequel reçoit ses premiers clients. On y loge à tous les prix, depuis la suite luxueuse jusqu’au dortoir. Les chambres les plus prisées donnent sur le mur, situé à quatre mètres. Beaucoup d’humour (couleur noire), là-dedans. Un Donald Trump y verrait à faire du fric. A-t-il encore le temps d’y songer? Songeons-y pour lui. Des hôtels Trump bâtis tout au long de son mur de séparation Etats-Unis-Mexique, avec vue plongeante sur les migrants mexicains cherchant la faille, c’est du pittoresqu­e qui attirerait le touriste ou le vacancier. Qui ferait rentrer du dollar qui est la première merveille du monde, sans laquelle le reste n’existerait pas. Puis, par les fenêtres du restaurant, on pourrait jeter les carapaces des homards et autres crevettes, dégueuler sa mayonnaise.

Les Allemands et les Hollandais ont mis les autres Européens dans les soucis en interdisan­t chez eux des meetings turcs pro-Erdogan. Erdogan, en campagne pour son référendum, le prend mal. ll a d’abord rappelé aux Allemands leur passé nazi. Il en est maintenant à les traiter de dégonflés qui n’osent pas réactiver les chambres à gaz mais ne pensent qu’à ça. Angela Merkel, qui imaginait avoir passé le plus dur avec sa rencontre de Trump, ouvre des yeux comme des soucoupes. Nous, les Français, qui n’avons pas beaucoup de Turcs chez nous quand les Allemands en ont plus d’un million chez eux, nous pourrions regarder ce déchaîneme­nt avec amusement, disons détachemen­t, mais c’est que l’Erdogan, dans son escalade, menace de ne plus retenir les Syriens et autres Irakiens qui ont fui leurs pays en guerre et ne rêvent que de s’installer en Union européenne. Hou la la. Les Hollandais, que leur réserve-t-il en particulie­r ? Un boycott économique puis, pour leur faire sentir qu’ils sont quantité négligeabl­e, il se contente de les traiter de fascistes, le degré zéro de l’injure, comme un résidu de gauchisme qui lui traînait dans le cerveau. A-t-il été gauchiste, Erdogan, en plus d’être erdogien ?

Erdogien ou erdoganien? L’esprit balance, le coeur hésite. Une qui n’a pas hésité, c’est madame Anne Hidalgo, maire de Paris. Elle voudrait que les jeux Olympiques de 2024 se déroulent dans sa bonne ville. Ici aussi, il y a campagne électorale. Il s’agit de convaincre le Comité olympique de choisir Paris plutôt que Los Angeles, la concurrent­e sur ce coup. Chaque cité de faire feu de tout bois. Los Angeles s’est penchée sur l’histoire des Jeux et il est apparu que Pierre de Coubertin, leur initiateur, était un Français. Que la langue originale des Jeux était le français. Que s’ils étaient aujourd’hui bilingues avec l’anglais, il convenait de ne pas s’y satisfaire d’une signalétiq­ue en français, comme trop souvent dans un passé récent. La langue française, annoncent donc nos rivaux californie­ns, tiendra toute la place qu’elle mérite dans les Jeux qu’ils organisero­nt. A Paris, il y avait lieu de s’en réjouir, mais voilà qu’un slogan, qui avait longtemps servi d’argument publicitai­re à des confiserie­s de Grande-Bretagne, se trouvait libre de droits. Ce slogan, « Made for sharing », bien qu’intraduisi­ble pour une majorité de Français en général et de Parisiens en particulie­r, peut-être aussi pour elle à qui il aura fallu l’expliquer, madame Hidalgo s’était jetée dessus, le déclinait sur de multiples formes et venait de le faire a cher sur la tour Ei el. Los Angeles, avec son étendard francophon­e, avait l’air de se payer notre fiole (en anglais : paying for bottle). Post-scriptum qui n’a rien à voir. – Epastrouil­lante, l’expo Topor à la BNF, n’allez pas la manquer, ni le catalogue aux Cahiers dessinés.

Los Angeles avait l’air de se payer notre fiole.

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