“LE DERNIER GONCOURT ? UN PUR ROMAN NOIR !”

Le polar made in France a la cote ! La preuve : quelques grands éditeurs qui n’en faisaient pas, ou peu, s’y mettent. Le Masque, la maison d’Agatha Christie, a lancé en octobre dernier, via une plateforme sur internet, une grande campagne pour dénicher des perles dans la langue de Simenon. « Nous avons reçu 300 manuscrits et en avons conservé moins de 10%, détaille Violaine Chivot, embauchée depuis peu pour développer le domaine tricolore. Notre idée est de trouver des grands stylistes, ce qui est plus courant dans notre langue, et de conquérir ce public qui dit encore : ‘‘Ah moi, je ne lis pas de polars.’’ Regardez le dernier Goncourt, ‘‘Chanson douce’’, de Leïla Slimani : c’est un pur roman noir ! » Même son de cloche au Seuil : la mythique collection Seuil Policiers, rebaptisée « Cadre noir » depuis peu, a vocation à accueillir des Frenchies. « Nous visons six à sept Français par an, projette Adrien Bosc, directeur adjoint du Seuil. Les Français ne sont pas ‘‘meilleurs’’ que les étrangers, mais certains ont un regard qu’on ne trouve que chez nous. » Par exemple, l’inénarrable Franz Bartelt, auteur pince-sans-rire tendance desprogienne, qui publiera « Hôtel du Grand Cerf » en mai. Le dernier avantage des Français, c’est aussi qu’ils coûtent moins cher – pas d’achat de droits, pas de traduction : « Bien sûr que cela a joué dans le choix d’axer ‘‘Sang neuf ’’ sur les francophones : nous souhaitions vendre des livres moins de 20 euros », reconnaît Marc Fernandez, directeur de ce nouveau label chez Plon. Ses polars vont évoquer les gangs de Marseille, les disparus de l’A6 et… la bonne bouffe (un roman cosigné du chef étoilé Thierry Marx !). « On est dans une période assez tourmentée. La tradition de critique sociale à la française me paraît plus que jamais pertinente ! »