L'Obs

10 choses à savoir sur… Damon Albarn

Ce petit génie de la pop britanniqu­e fait reparler de lui en sortant un nouvel album de Gorillaz, son groupe virtuel

- FABRICE PLISKIN

FILS DE SOIXANTE-HUITARD

Né à Londres en 1968, Damon Albarn avait le droit de fumer des pétards devant son père, Keith, bourgeois bohème, auteur de deux ouvrages sur l’art islamique, tour à tour manager du groupe Soft Machine, présentate­ur à la BBC et directeur de l’école d’art et de design du Colchester Institute. On pourrait dire que Keith Albarn fut la cause directe de la séparation des Beatles : en 1966, c’est lui qui organisa la première exposition de l’artiste contempora­ine Yoko Ono. C’était à Londres, à la galerie Indica. Là, le 7 novembre, John Lennon rencontrai­t la muse qui allait l’émanciper de la fraternell­e tutelle de ses trois amis de Liverpool. La mère de Damon, Hazel, était décoratric­e de théâtre.

INSOUMIS

Légende familiale, le grand-père de Damon, Edward, fut emprisonné comme objecteur de conscience pendant la Seconde Guerre mondiale.

PATRIOTE

En 1989, Albarn fonda le groupe Blur. Dans le disque « Modern Life is Rubbish » (1993), qui devait s’intituler « England vs America », Albarn le souveraini­ste part en guerre contre ce qu’il appelle la « Coca-colonisati­on » de sa patrie. Le disque se veut aussi une réponse cinglante et anglaise à Nirvana et à la mode grunge venue de Seattle.

PUNCHEUR

Pendant les premières tournées de Blur, les membres du groupe abusaient de l’alcool et jouaient au punching game, jeu raffiné qui consistait à boxer son camarade et à se laisser boxer par lui. C’est ainsi que, par mégarde, Albarn cassa le nez du bassiste Alex James.

COMBATTANT

On appelle « bataille d’Angleterre » la rivalité qui, en 1995, opposa les groupes Blur et Oasis. Rivalité que Noel Gallagher, du groupe Oasis, résume en ces termes sociologiq­ues : « Blur, c’est une bande de branleurs de la classe moyenne qui essaient de jouer les durs avec une bande de héros de la classe ouvrière.» Blur contre Oasis, c’est la bourgeoisi­e contre le prolétaria­t, le Sud contre le Nord, Londres contre Manchester, Parlophone contre EMI. La querelle perdit un peu de sa saveur publicitai­re le jour où Noel Gallagher déclara: « J’espère que Damon va attraper le sida et mourir. » Depuis, les deux musiciens se sont réconcilié­s. Ils chantent ensemble sur « We Got The Power », une chanson de « Humanz », le nouvel album de Gorillaz.

LONDONIEN

Au jeu de « Quelle est selon vous la chanson parfaite ? », Albarn répond sans hésiter « Waterloo Sunset », des Kinks, ode à la dirty old Tamise.

COMMUNISTE

Le 30 juillet 1997, le travaillis­te Tony Blair invite ses principaux soutiens au 10, Downing Street pour célébrer sa victoire aux élections contre le Premier ministre sortant, John Major. Noel Gallagher, d’Oasis, accepte l’invitation. Albarn la décline et envoie ce télégramme à Blair : « Je suis désolé, je ne serai pas là vu que je ne suis plus un supporter du Labour Party. Je suis maintenant un communiste. Bon pince-fesses, camarade. »

MONDIALIST­E

Nourri au porridge et au dub jamaïcain, le nomade Albarn a enregistré le disque « Mali Music » (2002) avec, entre autres, Afel Bocoum et Toumani Diabaté, mais aussi le disque « Kinshasa One Two » (2011), au profit d’Oxfam, une organisati­on humanitair­e qui lutte contre la pauvreté. Il a composé « Monkey : Journey to the West », un opéra d’inspiratio­n chinoise. En 2002, il a fondé le label Honest Jon’s, qui édite ou réédite des oeuvres du monde entier : soul, reggae, jazz afro-cubain du Bronx, orchestre algérien, musiques de l’Empire ottoman, etc.

SUPPORTER

Un jour qu’Albarn fait le DJ dans une boîte de nuit, le fooballeur français Claude Makelele, sans le reconnaîtr­e, lui demande de passer « Tomber la chemise », puis lui donne un pourboire. En matière de football, Albarn est supporter de Chelsea.

PROGRESSIS­TE

En 1998, avec le dessinateu­r Jamie Hewlett (« Tank Girl »), le novateur Albarn crée Gorillaz qui, au Guinness Book des Records, détient le titre du plus florissant groupe virtuel. Gorillaz est composé de quatre membres fictifs animés : 2D, Russel, Noodle et Murdoc, un bassiste de heavy metal librement inspiré de Keith Richards, et « qui voudrait être le chanteur mais n’est pas assez joli pour ça », selon Hewlett. « Papa ! », s’écriait dans son jeune âge la fille d’Albarn chaque fois qu’avec amour elle apercevait 2D dans une vidéo.

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L’OBS/N°2739

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