Pourquoi lui ? L’architecte d’intérieur Bruno Borrione
Metteur en scène d’hôtels et de restaurants parmi les plus courus de la planète, cet architecte d’intérieur insuffle son goût du chic français
QUI EST IL ?
Bruno Borrione, 56 ans, a gardé l’oeil et la dégaine rock’n’roll. Longtemps, son talent créatif s’est tapi dans l’ombre de la star française du design Philippe Starck. A ses côtés, durant trente ans, il a imaginé certains des hôtels les plus cool et branchés du monde, dont les premiers furent considérés, au début des années 1990, comme de véritables ovnis, à la fois beaux et spectaculaires, design et baroques. C’était le Royalton à New York, le Delano à Miami, le Mondrian à Los Angeles, le Sanderson à Londres, le Faena à Buenos Aires ou le Fasano à Rio. Sans oublier, en France, les Mama Shelter, ou, dernièrement, l’hôtel Ha(a)ïtza au Pyla. Des projets qui ont changé la physionomie de l’hôtellerie. Et qui sonnent toujours comme autant de sésames parmi les tribus de happy few du monde entier.
D’OÙ VIENT IL ?
Il est né à Palaiseau, dans l’Essonne, « patrie du révolutionnaire Joseph Bara », glisse-t-il. L’allusion peut prêter à sourire, si ce n’est que ce passionné de rock-punk a beau travailler les codes du luxe, il a l’âme du libertaire plus que du petit-bourgeois. Borrione a grandi au coeur « de barres d’habitations encore porteuses de lendemains qui chantent », au sein d’une famiglia d’origine italienne où, du grand-oncle au père, le clan était un savant mélange de « musiciens-orfèvres-ébénistes-boulangers-communistes ». L’homme a toujours su enrichir le jeu des fraternités. Familiales, amicales, professionnelles. Depuis l’école Boulle intégrée à 17 ans et la fac d’archi de la Villette jusqu’à son année chez Jean-Michel Wilmotte, où il se frotte « à de grands chantiers de la commande publique, comme la rénovation du Grand Louvre ou le musée des Beaux-Arts de Lyon ». « Wilmotte : la méthode ; Starck : le phosphore », résume-t-il. Il a rencontré ce dernier lors d’un vernissage en 1985, et a collaboré avec lui jusqu’en 2016. S’il a (trop ?) longtemps travaillé avec le pape du design, Bruno Borrione a aussi son agence. Et ses projets. Hôtels, restaurants, maisons… Sa signature d’un luxe facile à vivre garde une forte identité, « quitte à ne pas plaire à tout le monde ».
QUE FAIT IL ?
Aujourd’hui, Bruno Borrione roule pour lui. A son actif, l’Hôtel Ei el Blomet, à Paris, ouvert en juin dernier, dans l’esprit des années 1920, la Villa Loiseau des Sens à Saulieu (pour la famille de Bernard Loiseau), les nouveaux espaces publics de l’hôtel Prince de Galles, les tables gastronomiques à Valence et à Paris de la chef étoilée Anne-Sophie Pic, La Folie Douce à Deauville, le fast-food de luxe VIPS à Madrid ou le Palacio Avenida à Majorque… Autant de projets personnels qui lui ont fait gagner une notoriété. En préparation pour cette année: un spa à Paris et des collections pour les fabricants français de mobilier haut de gamme Maison Lucien Gau et Laval Furniture, dont il assure la direction artistique. En vieux routard de la théâtralisation intérieure, Bruno Borrione garde le goût « des associations improbables et nécessaires ».