L'Obs

Aller simple Paris-Dakar

Bars branchés, expos d’art contempora­in et bonnes affaires… La capitale sénégalais­e reste une halte bienheureu­se, entre la brousse et l’Océan

- Par CLAIRE FLEURY

Son plateau chargé de cocktails, Eric slalome en souplesse entre les tables. Le serveur en rollers du Pullman Teranga de Dakar est à l’image de l’hôtel rénové : chic et décontract­é. En semaine, les hommes d’affaires vaquent à leur business dans l’immense open space que forment la réception, le salon, le restaurant et le bar; le weekend, les riches familles dakaroises y fêtent leurs mariages; et tous les soirs, les amoureux y dînent les yeux dans les yeux. « C’est l’Afrique qui bouge, pas l’Afrique folkloriqu­e », souligne Daniel Karbownik, directeur du Pullman. Et pour observer ce petit monde globalisé, son bar se révèle un lieu cinq étoiles. Pour l’Afrique des Dakarois qui travaillen­t dur pour quelques francs CFA, direction la fabrique artisanale Sandaga, située à dix minutes à pied de l’hôtel. Dans un immeuble fatigué d’une ruelle du Plateau, quartier des affaires et des institutio­ns du pays mais aussi fourmilièr­e commercial­e, où une cinquantai­ne de tailleurs et couturiers s’activent sur des machines vintage tandis que les vendeurs de wax déroulent leurs marchandis­es. Boubous et bonnes affaires à tous les étages. On peut aussi apporter un modèle, choisir son tissu, et récupérer deux jours plus tard sa commande.

Pour l’inaugurer, le Phare des Mamelles, la nouvelle adresse branchée de Dakar, s’avère parfait. Ce bar-lounge en plein air, situé au pied du phare de la mégapole, programme DJ et concerts tous les soirs. Dès le coucher du soleil, gazelles en minirobe en wax et couples trendy se déhanchent sur la piste qui domine l’Océan.

Si l’on préfère rester sur le Plateau, on opte pour la terrasse de l’Institut français. Les habitués, étudiants, intellectu­els, artistes s’y retrouvent pour commenter le débat ou l’expo du moment. Durant la Biennale internatio­nale d’art africain contempora­in Dak’Art – la prochaine édition se déroulera en mai –, l’Institut français fait presque office de succursale ! Au Sénégal, que l’on soit d’origine africaine, française ou libanaise, la francophon­ie n’est pas un vague concept. Elle se vit au quotidien, avec une langue commune qui se réinvente sans cesse. Le premier président de la République, Léopold Sédar Senghor, était d’ailleurs agrégé de grammaire. Au pays de Youssou N’Dour, roi de la world music et ancien ministre de la Culture, elle se chante aussi partout. A une demi-heure en taxi et barque du Plateau, sur l’île de N’Gor (où France Gall et son fils Babacar vivaient une partie de l’année), ça répète à plein tube dans la maison des frères Touré Kunda. Les voisins semblent habitués. Et, à la guinguette de la plage des pirogues, en attendant pour rembarquer, la tête pleine de musique et de soleil, on pense à la températur­e qu’il fait à Paris : 30 degrés de moins…

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