UN INCROYABLE DESTIN
Le huitième volume de notre série en partenariat avec “le Monde” est en kiosques. Vous y découvrirez un autodidacte d’une folle créativité
U n beau matin de 1914, Godfrey Harold Hardy, professeur à Cambridge et mathématicien de tout premier plan, reçut une lettre des plus surprenantes. Un modeste employé au bureau des comptes de la société portuaire de Madras, Srinivasa Ramanujan, lui soumettait diverses trouvailles. Celles-ci portaient sur différents problèmes centraux auxquels se heurtaient les chercheurs depuis plusieurs générations. Ô surprise, les formules et affirmations qui truffaient ce courrier étaient à la fois novatrices et prometteuses! Né dans une famille de brahmanes mais aux moyens des plus modestes, Srinivasa Ramanujan est resté comme l’un des mathématiciens les plus géniaux et influents. Doué d’une intuition hors du commun pour la théorie des nombres et les identités impliquant des sommes infinies, cet autodidacte dont les études s’étaient arrêtées au lycée était parvenu à imaginer des résultats qui se sont ensuite révélés cruciaux dans de nombreux domaines. Incompris dans son pays, il se décida à solliciter Hardy. Celui-ci l’accueillit à Cambridge, où il entama avec lui l’une des plus célèbres collaborations de l’histoire des mathématiques. Leurs découvertes marquent le début de la théorie probabiliste des nombres. De santé fragile, Ramanujan est mort prématurément à l’âge de 32 ans mais il a élaboré d’innombrables formules et hypothèses en lien, par exemple, avec la théorie des cordes ou la cosmologie. Il a aussi créé le domaine des congruences et participé à la résolution des conjectures de Weil ou du dernier théorème de Fermat.