L'Obs

Ilan Chétrite

Il y a dix ans, il créait la ligne homme de la marque Sandro, fondée par sa mère. Rencontre avec un enfant de la mode

- Par ELVIRE EMPTAZ

QUI EST IL ?

Bar central, grands canapés et polaroïds au mur : ce pourrait être l’open space d’une start-up, mais c’est bien la salle de réunion des bureaux de Sandro. Ilan Chétrite, 35 ans, cintré dans un col roulé pour masquer un torticolis, y reçoit tout sourire. Il y a pile dix ans, ce longiligne brun aux yeux noirs lançait la branche masculine de la marque fondée par sa mère, Evelyne Chétrite. Sérieux, concentré, il prend le temps avant de formuler ses réponses, pèse ses mots quand il raconte ses proches, attentif à ne pas trop dévoiler : « J’ai grandi dans une famille où le vêtement est omniprésen­t. C’est parfois di cile pour nous de séparer la vie personnell­e du business, on essaie de faire des e orts. »

D’OÙ VIENT IL ?

Comme beaucoup d’enfants qui finissent par faire le même métier que leurs parents, Ilan Chétrite a d’abord voulu s’émanciper en suivant des études bien éloignées de la mode. « Je voulais être dans la finance, j’ai donc pris des cours de gestion appliquée, mais ça m’a lassé. J’ai rejoint l’entreprise familiale à 24 ans, sans vraiment savoir quoi faire. » Pendant un an, il tourne en rond, se cherche, passe par le service de communicat­ion, puis du vêtement, et même de vente, les week-ends, pour gagner un petit pécule. Mais il s’ennuie. « Je voyais souvent les clientes venir accompagné­es par des hommes. J’ai eu envie de créer pour eux et de faire de Sandro une marque globale, comme Ralph Lauren ou Calvin Klein, que j’adorais adolescent. Je me suis dit que cela pouvait être une façon d’apporter ma pierre à l’édifice. » Il réalise seul une première collection de dix pièces. « C’était de la débrouille. J’ai fait une veste en cuir chez un copain, une chemise chez le fabricant de popeline de Sandro femme. A chaque fois, je devais négocier de petites quantités avec les fournisseu­rs. Cela a donné naissance à une jolie histoire, avec quelques imperfecti­ons qui ont fait son charme. »

QUE FAIT IL ?

Une fois Sandro homme o ciellement lancé, l’entreprise ouvre d’emblée trois boutiques à Paris. Comme pour la femme, la gri e propose des modèles actuels, avec de solides basiques contempora­ins comme le perfecto. Elle compte aujourd’hui plus de 210 points de vente à travers le monde. Mais le créateur, d’un naturel insatisfai­t – « qui se soigne ! » –, a du mal à célébrer pleinement sa réussite. Il concède : « Je suis fier de ce que nous avons accompli, nous avons atteint une certaine maturité, nous sommes proches de nos clients. » Mais il ne peut s’empêcher de souligner qu’il peut encore améliorer des choses : « Je veux imposer davantage le langage général de la marque. » Le programme des dix prochaines années est donc acté.

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