La confession d’Elena Ferrante
FRANTUMAGLIA, PAR ELENA FERRANTE, TRADUIT DE L’ITALIEN PAR NATHALIE BAUER, GALLIMARD, 464 P., 23 EUROS.
Elena Ferrante telle qu’en elle-même. La romancière la plus secrète au monde a publié en 2016 un livre-confession où, sans dévoiler sa véritable identité, elle raconte ses origines et l’élaboration de son best-seller en quatre époques, « l’Amie prodigieuse ». A la fois recueil de lettres et d’interviews (« l’Obs » en avait publié il y a deux ans les bonnes feuilles), « Frantumaglia » (un mot du dialecte napolitain qui désigne une agitation intérieure, une confusion des sentiments) est un vademecum de l’esprit Ferrante : évoquant la manière dont elle envisage le féminisme aujourd’hui, elle parle des longues heures passées auprès de sa mère couturière, des figures masculines dans l’Italie de son enfance, de sa passion pour la romancière Elsa Morante et des rues dangereuses de la Naples (photo) misérable d’où elle est originaire (elle raconte qu’elle a pris tardivement conscience que sa ville se situait au bord de la mer). « Naples est ma ville, et je ne suis pas capable d’en faire abstraction, pas même quand je la déteste. Je vis ailleurs, mais je dois y retourner souvent, car c’est là, et seulement là, que j’ai l’impression de me racheter et d’écrire avec conviction. »